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Crise du bâtiment : Olivier Salleron évoque la « faillite d’une politique »

13 MARS 2024 - CFP

Un contexte économique peu favorable, une entrée en récession qui se confirme pour le secteur de la construction, 300 000 emplois en péril… Le bilan que dresse la Fédération française du bâtiment en ce premier trimestre 2024 n’est pas brillant. Olivier Salleron, son président, a détaillé, lors d’une conférence de presse, les points les plus alarmants.

FFB

« Mois après mois, le plongeon dans l’abîme du logement neuf s’accélère. En tenant compte de la révision récente des données officielles, les mises en chantier reculent de 5 % en 2022, puis de 24 % en 2023 et encore de 23 % en glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2024. Or, l’évolution des ventes de logements ne permet aucun espoir d’amélioration à court ou moyen terme : elles abandonnent 24 % en 2023 côté promotion immobilière - et même 38 % hors ventes en bloc - ; elles s’effondrent de 41 % en glissement annuel sur douze mois à fin janvier 2024 côté construction de maisons individuelles. » La FFB, par la voix de son président, confirme donc sa prévision d’un véritable « crash » en 2024, à environ 250 000 logements commencés, soit un ratio de 8 mises en chantier pour 1 000 ménages en France… « Comme au tout début des années 1950 ! » Entre 2022 et 2023, ce sont donc 80 000 logements de moins, soit 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires de moins. « Avec le jeu des différentes TVA, l’Etat a perdu 1,7 milliard d’euros. C’est deux fois et demi ce qu’a coûté le PTZ en 2022. Ce sont aussi 10 000 emplois de perdus en 2023. »


Volume trop faible de Mon Accompagnateur Rénov
Seule l’amélioration-entretien progresse mais montrait déjà des signes de ralentissement en début d’année 2024, avec un marché de la rénovation qualifié de « chaotique » par Olivier Salleron. A la chute des transactions dans l’existant, aussi bien dans le logement que dans le non résidentiel, s’est ajouté l’impact « catastrophique » de la transformation profonde de MaPrimeRénov’. « Alors que le financement de l’approche par geste(s) se trouve très nettement réduit au profit de la rénovation globale, cette dernière butte sur un volume bien trop faible de Mon Accompagnateur Rénov, point de passage impératif. Le résultat est connu : sur janvier-février 2024, le nombre de primes accordées chute des trois-quarts en un an. Le scénario 2024 de petite croissance de l’activité en amélioration-entretien retenu par la FFB et, au-delà, les objectifs même de transition écologique risquaient de s’assimiler à de doux rêves. »


Enfin reçus !
Dans ce contexte, les organisations professionnelles demandaient depuis longtemps à être reçues par les ministres de la Transition écologique et du Logement, Christophe Béchu et Guillaume Kasbarian, ce qui a été fait le 8 mars dernier. Un fort assouplissement de l’accès à MaPrimeRénov’, notamment en ré-élargissant le champ de l’approche par geste(s), a été retenu (lire l’article ici). « La FFB salue cette révision bienvenue, toute en soulignant que sa traduction opérationnelle prendra quelques semaines. Pendant ce laps de temps, le marché restera encalminé. Très probablement, la hausse d’activité que nous avions prévue pour 2024 se révèlera donc trop optimiste, alors même qu’ici réside le seul vecteur de croissance. À plus court terme, cette situation fragilise des acteurs, singulièrement les artisans dont les carnets de commandes n’excèdent pas quelques mois. Certains d’entre eux pourraient tout simplement se retrouver sans travail, notamment lorsqu’ils exercent dans l’isolation ou la pose de pompes à chaleur. » La promesse des pouvoirs publics : la publication des décrets d’application la semaine suivant le 8 mars… Mais une source ministérielle proche du dossier a plutôt évoqué un délai d'un mois.
Dans le neuf, la FFB demande d’autres mesures urgentes : restauration du PTZ 2023 et l’assouplissement des règles HCSF dans l’attente petite réouverture du marché du crédit ; accélération des travaux sur la suite du Pinel et le statut du bailleur privé ; simplification et pause normative impératives avec un glissement du calendrier RE 2020 de 2025 vers 2028.


Le grand plongeon du non résidentiel
Et la situation du non résidentiel neuf ressort à peine moins mauvaise. En glissement annuel sur douze mois à fin janvier 2024, les surfaces commencées abandonnent 15 %. « Comme prévu, la chute s’accélère, d’autant que les données des trois derniers mois indiquent un nouveau recul sur un an de 15 % des surfaces autorisées. De plus, tous les segments de marché participent maintenant au mouvement d’ensemble. L’exception que constituait les locaux administratifs risque de ne pas avoir de suite puisque les permis se replient de 7 % sur la même période. » Là encore, le « grand plongeon » vers une année 2024 définissant un plus bas niveau historique à 22 millions de m² mis en chantier se trouve confirmé.

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