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Une enveloppe de 14 milliards d’euros pour la rénovation : pas assez ?

22 NOVEMBRE 2018

Lors d’une table ronde organisée par l’association Energies et Avenir le 20 novembre, les résultats d’une étude sur la rénovation énergétique des maisons individuelles ont été présentés. L’occasion de débattre des moyens alloués par les pouvoirs publics au chantier de la rénovation.

Lors d’une table ronde organisée par l’association Energies et Avenir le 20 novembre, les résultats d’une étude sur la rénovation énergétique des maisons individuelles ont été présentés.

« Nos études ont démontré que de manière générale, le remplacement du générateur entraînait un gain de performance d’au moins 40 %, affirme l’association Energies et Avenir. Dans le cas d’un chauffage au gaz ou au fioul, l’étude révèle que le meilleur rapport performance/investissement réside dans l’installation d’une chaudière à condensation. Quant à l’installation la plus performante, il s’agit de la chaudière hybride et du cogénérateur gaz. Dans le cas d’une maison préalablement chauffée à l’électricité, le gain énergétique est supérieur à 75 % et le temps de retour est inférieur à 5 ans. »
Ce sont les principaux enseignements de cette étude qui a identifié pour chaque maison plusieurs scénarios de travaux possibles : soit la réalisation d’un bouquet de deux ou trois travaux, soit une rénovation globale afin d’atteindre le niveau HPE ou BBC. Le bouquet gagnant ? Le changement du système de chauffage et l’isolation de la toiture.
Côté financement, un budget en moyenne de 15 000 euros permet d’atteindre le label, selon l’association, et l’éco-PTZ permet de financer la quasi-totalité des cas étudiés.

 

«Nous devrons tous être créatifs»
Des résultats à mettre en perspective avec le budget de l’Etat alloué au chantier de la rénovation énergétique. L’ex ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, avait déclaré, peu avant son départ fracassant : « on veut rénover 500 000 passoires thermiques, mais on a baissé de moitié les moyens pour rénover ces bâtiments. Je sais déjà au moment d’acter ce plan de rénovation que l’on ne pourra pas atteindre les objectifs. »
Interrogée sur cette question lors de la table ronde, la députée Marjolaine Meynier-Millefert, co-animatrice du Plan de rénovation, a réagi : « c’est à la fois vrai et faux. Nicolas Hulot parlait du CITE, qui est en effet passé d’1,7 milliard à ce moment-là à 700 ou 800 millions d’euros. Mais pour travailler sur la rénovation, il faut prendre en compte l’ensemble des budgets alloués mis bout à bout, soit 14 milliards. Toutefois, il faudrait 10 milliards supplémentaires si nous voulons relever le défi de la rénovation énergétique dans les temps. Soyons clair : nous n’aurons pas ces moyens-là, nous devrons tous être créatifs. » Pierre-Louis François, président du Groupe Atlantic, présent autour de la table, a quant à lui plaidé pour des systèmes d’aides publiques simples. « S’ils représentent trop de contraintes, ils ne seront pas utilisés. Or, le mouvement pour la rénovation doit être collectif. Ni le particulier ni l’installateur pourront faire les choses à la place des collectivités, ni l’industriel entraîner à lui seul la filière. » Ainsi, il se félicite que le CITE ait été prolongé, pour le moment, sous sa forme actuelle, là où la transformation en prime avait été envisagée. « La prime est peut-être une bonne chose en soi, mais le simple fait de changer en diminue l’efficacité. »

 

Mettre en place des plafonds par geste
Prime qui demeure pour l’instant dans les cartons mais que les pouvoirs publics devraient à nouveau proposer dans les futures lois de Finances, reste à savoir laquelle. Marjolaine Meynier-Millefert a concédé que le CITE fait l’objet de vifs débats au sein des groupes parlementaires en charge des finances. Echaudés par le «succès» du crédit d’impôt pour le remplacement des fenêtres et qui a vidé les caisses, certains envisagent purement et simplement de «laisser tomber». « Je ne suis pas de cet avis, commente-t-elle. Il faut se donner les moyens de mieux vérifier la façon dont sont employées les enveloppes budgétaires. En mettant en place par exemple des plafonds par geste, nous pouvons parvenir à maîtriser ces enveloppes

Autre question abordée lors de cette table ronde : la rénovation énergétique du parc tertiaire. Anne-Lise Deloron, directrice adjointe du Plan bâtiment durable, a souligné que la grosse différence entre ce secteur et le résidentiel demeure dans le fait que le parc (de 850 millions de m2) est soumis, en théorie depuis la loi Grenelle 2 de 2010, à une obligation de rénovation énergétique. «La pratique dans notre pays vise à ce qu’un secteur soumis à une obligation fasse moins l’objet d’un dispositif incitatif qu’un secteur non soumis à une obligation
Sur les 14 milliards, une part limitée devrait donc y être consacrée. «La loi Elan a réaffirmé cette obligation sur la période 2020-2030, puis 2030-2040 et, in fine, 2040-2050, avec un objectif de réduction de 60 % de la consommation d’énergie en 2050 par rapport à 2010. Le décret tertiaire, contesté puis annulé, devrait paraître dans sa nouvelle mouture dans les prochains mois. »

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