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Someci planche sur son propre protocole issu des préconisations du guide de l’OPPBTP

18 AVRIL 2020 - CFP

Le 7 avril dernier, la société Someci (Groupe Jacques) a réalisé le remplacement d’un groupe froid sur le site de son siège à Dardilly, près de Lyon. Une opération qui revêt une teinte particulière : il s’agissait en effet pour l’entreprise d’une opération pilote qui va lui permettre d’imaginer la manière de conduire en toute sécurité d'autres opérations de travaux pour ses clients en process Covid-19.

someci

« La pose de ce groupe froid aurait été une opération des plus simples en temps normal mais elle a été rendue complexe par l’application des gestes et mesures barrières en période épidémique, pose Virgile Papalia, responsable commercial Someci/Unergies. Deux de nos compagnons ont réalisé les raccordements hydrauliques et électriques en appliquant avec rigueur les gestes barrières pour leur sécurité et celle de leur entourage. » Une opération devenue pilote afin de permettre aux équipes de définir une conduite d’opérations de travaux en toute sécurité.
Entreprise lyonnaise avec un peu plus de 45 ans d’existence, Someci fait partie du Groupe Jacques. Le cœur de métier de Someci, qui compte 45 salariés, est la maintenance d’installations de génie climatique. La société dispose également d’une équipe travaux intégrée et d’un service études. Elle intervient surtout en rénovation ou remplacement d’équipements, et effectue des travaux sur le patrimoine qu’elle exploite, des installations en copropriété ou chez des bailleurs sociaux qu’elle connaît bien et maîtrise. Sa typologie de clientèle est composée à 70 % d’un parc privé.
Travaillant également avec de nombreux établissements de type Ehpad et hôtellerie, Someci a commencé à sentir un ralentissement de l’activité peu avant le confinement mis en place le 17 mars. « Environ une dizaine de jours avant cette date, nous avons eu des informations de la part d’Ehpad qui nous demandaient de restreindre nos interventions, souligne Virgile Papalia. Beaucoup de chantiers ont ainsi été stoppés, et toutes les interventions à l’intérieur des Ehpad, notamment les installations de climatisation en vue de la période estivale, suspendus. » Même son de cloche chez les hôteliers. « Ils étaient déjà en activité restreinte avant le confinement, en raison de l’annulation de la venue de nombre de leurs clients, pour finir par être totalement fermés au moment du confinement. »

Opérations d’urgence
Même en activité restreinte pour la partie travaux, l’entreprise s’est organisée afin que l'équipe de direction puisse assurer le support de l'activité en général, et conserver l’activité d’une petite équipe de techniciens dédiée à la maintenance d'équipement de bâtiments encore en fonctionnement, ainsi que pour assurer les dépannages de première urgence. « Même avec une organisation restreinte depuis le début de cette crise, nos équipes restent mobilisées, précise Virgile Papalia. Nos techniciens maintenance et compagnons travaux interviennent chaque jour pour assurer la sécurité des installations CVC et la continuité de service des sites de nos clients. Le 11 avril, nous avons réalisé une opération en urgence pour un Ehpad en panne totale d’eau chaude sanitaire. En moins de 24 heures, nous avons mis à disposition de notre client une chaufferie mobile et l'avons raccordée sur la production de l'établissement. » L’activité travaux étant limitée, l’entreprise rencontre peu de difficultés d’approvisionnement. « Nous avons surtout besoin de pièces de remplacement et les fournisseurs continuent à nous livrer au siège sous 24 à 48 heures. »
Au siège de Someci à Dardilly, le remplacement du groupe froid devait de toute façon s’effectuer avant l’été. La machine, un groupe Climaveneta de 60 kW, était disponible. Une installation classique qu’on retrouve souvent en tertiaire : la production de base est assurée à 100 % par la chaufferie en hiver ; une pompe à chaleur en relève permet d’assurer le chauffage en intersaisons lorsque les températures peuvent encore être un peu fraîches, sans avoir à faire fonctionner la chaudière, ainsi que le rafraîchissement en été. L’ancienne Pac en place, de marque Daikin, a donc été remplacée par le nouveau groupe, sans toucher à l’ensemble du système. « La chaufferie doit également être rénovée prochainement pour assurer le passage du fioul au gaz. »

Des chantiers futurs moins rentables car moins rapides ?
Les gestes barrières ont été appliqués sur ce chantier, qui est devenu pilote pour l’élaboration d’un protocole de préconisations, un mode opératoire spécifique à cette période pour les travaux d’installation et de maintenance. « Nous avons mis en place les gestes recommandés de façon classique, port de protections, respect de la distance… Une fois le groupe sur la toiture, l’opération a pu être effectuée par un seul compagnon. Il faut sans doute considérer qu’à l’avenir, certains chantiers risquent d’être moins rentables, puisque moins rapides à mettre en œuvre, en raison de la présence limitée de compagnons sur un même périmètre. » Une chance que le groupe soit en toiture et pas dans un local technique exigu… Pour Virgile Papalia, si le guide de préconisations publié le 3 avril par l’OPPBTP puis révisé le 10 avril a le mérite de donner une partie des réponses et des propositions en termes d’organisation de la prévention, notamment en fournissant des indications sur le port du masque, il est surtout orienté chantiers travaux. « Ce n’est pas un guide à portée réglementaire, et certaines recommandations posent problème de notre point de vue. Par exemple, le questionnaire à faire remplir par le client chez qui l’on intervient pose un problème. Un problème de confidentialité, puisqu’on doit interroger les personnes sur leur état de santé, or la conservation des données est incompatible avec le RGPD. »

Masques en tissu et visières
De ce fait, le protocole en cours de rédaction sera une traduction de ce guide appliqué aux contraintes spécifiques de l’entreprise, afin de déterminer quelles mesures de prévention et quels moyens mettre en œuvre adopter dans les bureaux et sur les chantiers. Des référents Covid-19 doivent également être désignés pour mettre en œuvre ces futures recommandations. Si les équipes ont pu récupérer quelques masques classiques, ainsi que des masques à cartouche encore à disposition, leur port n’est pas si évident. « Nous avons fait le test : maintenir correctement en place un masque pendant une demi-heure, c’est compliqué. Nous avons passé une commande de 1 000 masques en tissu réalisés par l’entreprise Les Tissus de Charlieu, par l’intermédiaire de BTP Rhône. Nous avons la chance de faire partie d’un réseau d’entreprises et nous échangeons sur différentes méthodes. Nous étudions aussi la possibilité de compléter les équipements de protections individuelles par la mise à disposition de visières aux compagnons pour protéger leur visage. C’est plus confortable qu’un masque. »

 

 

 

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