«La clé du développement du solaire thermique dans le neuf est dans la réglementation», a indiqué François Gibert, président d’Enerplan, lors des Etats généraux de la chaleur solaire le 25 octobre à Paris. «Le solaire thermique est particulièrement sensible aux effets de seuils. Les pouvoirs publics doivent le prendre en compte.»
«La dérogation accordée au collectif de 57 kWhep/m².an au lieu de 50 kWhep/m².an, soit 15 % ce qui est énorme, a fait sauter le solaire thermique de beaucoup de projets. La démonstration est faite très clairement par les chiffres du marché et différentes études récentes.» Un arrêté devrait néanmoins sortir avant la fin octobre pour mieux prendre en compte le solaire thermique dans le moteur de calcul de la RT 2012.
Les Etats généraux réunis à Paris ont passé en revue de nombreux sujets concernant le solaire thermique dans le contexte d’un marché qui reste en retrait, en neuf comme en rénovation, en individuel comme en collectif.
En collectif, le maillon faible est clairement désigné : l’exploitation. Du coup, sur 52 sites en solaire thermique, le bailleur social Valophys déplore «cinq installations en carafe». Grand Lyon Habitat, de son côté reprend l’exploitation de ses installations à son compte. Une étude du Crigen (Engie) montre néanmoins que les solutions solaires thermiques sont l’optimum du point de vue technique et du point de vue des émissions de gaz à effet de serre. Elle souligne qu’un effort reste à faire sur la baisse des coûts.
Olivier Manteau, directeur des projets Ile-de-France de Engie Cofely, a partagé son retour d’expérience sur la réalisation d’un éco-quartier à Limeil-Brévannes : «Les promoteurs ne prennent en compte le solaire thermique que s’il y a une obligation réglementaire, les études sont longues, la mise en œuvre simple. Reste un partenaire pas facile à convaincre : l’architecte».
Un projet emblématique avec une ambition 100 % solaire est actuellement en construction à Paris : la Maison de l’Ile-de-France, projet réalisé par le BE Deern France. Dans le même temps, Systovi innove en utilisant un matériau à changement de phase pour stocker de l’énergie solaire thermique le jour et la restituer sur l’air la nuit.
Les fabricants, que ce soit à travers leur syndicat Uniclima, mais aussi Eksol, Solisart, Sonnenkraft ou Vaillant, voient les installations connectées comme un espoir pour des installations solaires thermiques plus durables et performantes. L’installateur Gaël Parrens, gérant Aqua Sun, apportant une nouvelle fois son témoignage enthousiaste.
Les premiers résultats d’une étude prospective sur le développement du solaire thermique à l’horizon 2025 ont été dévoilés.
«Quand nous avons des gens responsables et enthousiastes, ils savent trouver des solutions solaires thermiques et à des coûts compétitifs», conclut François Gibert, président d’Enerplan. «Mais le solaire thermique en construction neuve a besoin d’un déclic sur la réglementation avec une philosophie générale qui est à repenser. Il faut une exigence à 50 kWhep/m².an pour les cinq usages. Alors que 33 % des BE proposaient du solaire thermique avant la RT 2012, ils ne sont plus que 10 % aujourd’hui. On ne demande pas d’argent mais on a besoin de ce coup de pouce. En rénovation, c’est le prix de l’énergie de référence qui fait l’amortissement des solutions. Avec un prix de l’énergie bas, on est scotché. Tant qu’il n’y aura pas une contribution énergie climat, le solaire thermique ne décollera pas en rénovation. C’est la clé.»
