Toute l'information des acteurs de l'efficacité énergétique
Magazine CFP
Magazine L'installateur

Rénovation énergétique : quatre réseaux en alerte

29 JANVIER 2020 - CFP

A l’occasion de la 21e édition des Assises européennes de la transition énergétique qui se tiennent à Bordeaux du 28 au 30 janvier, les réseaux Amorce, Cler, Flame et FNCAUE ont souhaité rappeler les enjeux liés à la mise en place d’un service public de la rénovation énergétique.

Rénovation énergétique Amorce

« La dynamique de rénovation des logements – une priorité pour répondre à l’urgence climatique et sociale liée à l’énergie – reste insuffisante pour le moment, a introduit Jean-Baptiste Lebrun, directeur du Cler – Réseau pour la transition énergétique. L’objectif de 500 000 rénovations niveau basse consommation par an est à mettre en face de la réalité : on compte à peine 400 000 rénovations au total et seulement 25 000 au niveau BBC, le niveau qui devrait être la cible pour l’ensemble du parc en 2050. » Face à des démarches de travaux qui peuvent s’avérer compliquées pour les ménages, l’information, le conseil et l’accompagnement jouent un rôle clé pour réaliser et accélérer ces rénovations. Les réseaux Amorce, Cler, la Fédération des agences locales de maîtrise de l'énergie (Flame) et la Fédération nationale des conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (FNCAUE) souhaitent attirer l’attention sur les transformations qui touchent actuellement le Service public de la performance énergétique de l’habitat (SPPEH), qui viendra remplacer les financements apportés auparavant par l’Ademe. Principale annonce de ce programme lancé en septembre 2019 : la mise en place du Service d’accompagnement à la rénovation énergétique (SARE). « C’est un double enjeu qui explique aujourd’hui cette mobilisation des acteurs opérationnels de la rénovation énergétique, a souligné Nicolas Garnier, délégué général d’Amorce. Le premier est un problème d’échelle : nous n’avançons pas du tout au rythme que nous nous sommes fixé. » Il a mis en garde, d’une façon générale, contre des objectifs qui ne sont pas tenus : en termes de baisse des consommations énergétiques, par exemple, la France devait atteindre – 7 % entre 2012 et 2018, alors que seulement 1 % de baisse a pu être observé. « Le deuxième enjeu concerne la qualité. Il est impératif de pouvoir s’assurer que les rénovations qui sont en train d’être mises en œuvre sont des rénovations qualitatives et performantes. Il va donc falloir monter en puissance quantitativement et qualitativement. Avec le dispositif SARE, nous avons un espoir de pérenniser un modèle que nous avons construit depuis 15 ans. Les financements sont là. »

 

200 millions d’euros sur trois ans

Sur trois ans, le dispositif prévoit en effet une enveloppe de 200 millions d’euros. Nicolas Garnier appelle toutefois à la vigilance : les moyens mis en œuvre et la façon dont est piloté le dispositif permettront-ils d’assurer le retour sur une trajectoire du nombre de rénovations tel que prévu dans la loi, tout en maintenant la qualité de ces travaux ? « Pour cela, il faut absolument que le modèle que nous avons construit, porté par les collectivités locales, soit bien l’avenir du SARE et du SPPEH et non pas un modèle qui servirait en premier lieu les intérêts économiques des entreprises privées mettant en œuvre les travaux. »

De son côté, Pierre Verri, président de la Fédération des agences locales de maîtrise de l'énergie (Flame) s’est montré un brin moins optimiste. « Cela fait trois ans que nous négocions avec le gouvernement pour la mise en place d’un service public de l’efficacité énergétique et le financement de ce service n’est toujours pas acquis. Aujourd’hui, il a été décidé qu’il serait financé par les Certificats d’économies d’énergie, et non plus par de l’argent public. » Citant l’exemple d’une démarche auprès d’une rénovation en copropriété, Pierre Verri a souligné qu’entre le premier rendez-vous et la signature des travaux, trois ans se passent. « Or, une fois ces trois ans passés, il va falloir accompagner les travaux et leur mise en œuvre, qui est fondamentale pour la qualité de la rénovation. Mais dans trois ans, que va-t-il se passer en termes de financement du dispositif ? C’est inquiétant sur le plan politique parce que, quelque part, on renonce à s’inscrire durablement dans la sobriété. C’est également inquiétant sur les plans économiques et écologiques. »

REAGISSEZ A CET ARTICLE (Pour commenter, vous devez vous inscrire)