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RE 2020 : la filière du chauffage à eau chaude très inquiète

26 NOVEMBRE 2020 - CFP

Dès la fin de la concertation autour de la future RE 2020, en octobre dernier, l’association Énergies & Avenir, qui représente la filière du chauffage à eau chaude, avait fait part de ses inquiétudes, voyant dans certains arbitrages une menace pour une filière « made in France » (voir CFP de novembre). Des inquiétudes qui se confirment avec la publication des principales orientations de cette réglementation.

philippe méon

Exclusion du gaz à très court terme dans la construction neuve de logements individuels : telle est l’annonce choc qui a secoué la filière ces derniers jours. « Énergies & Avenir regrette cette décision abrupte car elle prive ces logements d’équipements de la boucle à eau chaude ultra-performants fonctionnant au gaz qui permet d’ores et déjà d’intégrer la chaleur renouvelable et qui est appelé à se verdir dans les prochaines années », a fait savoir l’association par voie de communiqué. Cette dernière souligne par ailleurs que la filière s’est engagée de longue date dans la recherche et le développement d’équipements fonctionnant au biogaz, à l’hydrogène et plus largement au gaz « vert ». Elle ajoute que la conséquence de cette exclusion est aussi économique et pas des moindres car près de 100 % de ces équipements sont fabriqués en France. A ce titre, Philippe Méon, président d’Énergies & Avenir rappelle : « La filière du chauffage à eau chaude est non seulement engagée pour l’efficacité énergétique mais est aussi un pilier de la relance économique française. C’est une filière qui représente plus de 300 000 emplois non délocalisables et repose sur un réseau de plus de 80 usines dont plusieurs tournées vers l’export ».

Un effet Joule irréversible
Si, en représentant des équipements toutes énergies et ayant toujours milité pour la performance énergétique des bâtiments, Énergies & Avenir se dit en phase avec les objectifs de neutralité carbone pour 2050, elle ne comprend toutefois pas les orientations choisies par le gouvernement pour y parvenir. « La première étape fondamentale était de conserver un coefficient de conversion de l’électricité (Pef) et un contenu carbone du chauffage électrique représentatifs du mix électrique - plutôt que des valeurs spéculées et sous-estimées - qui permettent de valoriser les équipements les plus performants et d’écarter d’office l’effet Joule qui est irréversible », poursuit Philippe Méon.

Ainsi, l’association, qui a toujours alerté les pouvoirs publics sur les risques induits par ces choix « infondés », notamment sur le risque de massification de l’effet Joule, constate aujourd’hui que le gouvernement affirme vouloir limiter les convecteurs électriques, mais s’étonne qu’aucun seuil de consommation d’énergie primaire qui permettrait de concrétiser sa promesse ne soit dévoilé. « Les doutes subsistent sur l’accroissement des consommations d’électricité non renouvelable et le développement de la pointe électrique. L’association demande donc quels sont précisément les garde-fous mis en place pour contrer l’effet Joule dans le bâtiment neuf », précise le communiqué.

Alternatives proposées
Autre point d’interrogation pour l’association : si la priorité est véritablement la réduction du carbone, pourquoi la phase de construction qui, pour un bâtiment neuf performant représente entre 60 % et 90 % de son impact carbone total, ne sera pas contrainte dès 2021 ?
Souhaitant continuer à agir comme partenaire des pouvoirs publics, l’association propose plusieurs alternatives pour faire de la RE 2020 un accélérateur de la performance énergétique et de la décarbonation du bâtiment :
- Un Pef et un contenu carbone du chauffage électrique représentatifs du mix électrique (par exemple réévalués tous les 5 ans selon le mix électrique à n-1) ;
- Le soutien des pouvoirs publics aux solutions hybrides gaz / électricité qui permettent de respecter les performances énergétique et climatique pour offrir une alternative au tout électrique ;
- Une meilleure prise en compte des équipements permettant le développement de la chaleur renouvelable, notamment ceux fonctionnant aux gaz renouvelables.
Enfin, pour une concertation efficace et qui prenne en compte les contributions de chacun, les professionnels d’Énergies & Avenir rappellent qu’ils demandent depuis plusieurs mois, sans succès, l’accès au moteur de calcul de la RE2020.

Lire l’interview de Philippe Méon dans le numéro de novembre de CFP (n° 848)

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