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RE 2020 : inquiétude autour du vecteur eau

10 SEPTEMBRE 2020 - CFP

L’association des professionnels du chauffage à eau chaude Énergies & Avenir a pris part aux travaux concernant la RE 2020 pour souligner que les facteurs retenus pour l’électricité risquaient de favoriser la mise en place d’équipements peu performants.

Chauffage à eau chaude

« Malheureusement » : c’est ainsi qu’Énergies & Avenir déplore le fait que les nouveaux facteurs – coefficient de conversion en énergie primaire de l’électricité à 2,3 et facteur carbone de l’électricité à 79 gCO2/kWh – pouvaient risquer d’encourager les équipements de chauffage et les bâtiments « les moins performants ». Pour l’association, ces orientations prises par l’administration favoriseraient le vecteur air – qu’elle dit « majoritairement importé » – au détriment du vecteur eau. « Ce serait une menace non seulement sur l’ensemble des équipements de la boucle à eau chaude mais surtout pour une filière « made in France », tant pour les aspects ingénierie que pour l’exploitation, souligne-t-elle. La conséquence directe est la disparition des solutions de chaleur renouvelable sur vecteur eau. »
L’association met en avant certains résultats des travaux du groupe de travail modélisateur : selon elle, les consommations de climatisation fictive sont anormalement élevées. Par exemple, elles représentent environ la moitié des consommations d’eau chaude sanitaire en zones climatiques H1 et H2, et pèsent le même poids en zone H3 – « ce qui est beaucoup plus qu’attendu », précise-t-elle –.

Des choix « discutables »
Toujours selon Énergies & Avenir, ce constat s’explique par des choix « discutables » :
- le scénario d’usage retenu pour la climatisation ne correspond pas à la manière dont les occupants utilisent un système de rafraîchissement actif dans un usage réel ;
- la durée du scénario est non représentative de la réalité puisque deux semaines d’absence au mois d’août ne sont pas prises en compte.
En outre, les travaux du consortium ont montré que le nouveau moteur de calcul RE 2020 conduit à des valeurs significativement plus élevées des besoins et consommations de froid par rapport à ceux obtenus avec le moteur de calcul réglementaire actuel RT2012. « Ces choix faussent les calculs de consommation de la climatisation fictive, raison pour laquelle les consommations sont surestimées. Cela a pour conséquence de dénaturer l’objectif initial de l’introduction de la climatisation fictive, qui était d’éviter le recours à des systèmes actifs posés a posteriori. Énergies & Avenir alerte les pouvoirs publics car le risque de dénaturer l’objectif initial de l’introduction de la climatisation fictive dans la RE 2020 est très fort et double. »

Une filière de 300 000 emplois… en péril ?
L’association regrette ainsi que, pour répondre aux futures exigences réglementaires de confort d’été, il soit beaucoup plus facile pour la maîtrise d’œuvre et la maitrise d’ouvrage de se tourner vers des dispositifs de climatisation actifs plutôt que d’envisager une conception bioclimatique améliorée incluant des systèmes de rafraîchissement passifs avec une boucle à eau chaude. Selon elle, la conséquence directe sera la disparition à très court terme des solutions de chauffage à eau chaude au profit de solutions réversibles sur vecteur air. « Cette disparition concerne également toutes les solutions de chaleur renouvelable sur boucle à eau chaude. C’est mettre en péril une filière innovante « made in France » au service de la relance économique et écologique et représentant 300 000 emplois non délocalisables. »

 

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