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Prix des matériaux : l’artisanat demande aux fournisseurs davantage de solidarité

12 MAI 2022 - L'Installateur

Situation compliquée pour les artisans du bâtiment qui, malgré une activité au plus fort, perdent des marges et doivent adapter sans cesse leur organisation face à l’instabilité des prix des matériaux et aux difficultés d’approvisionnement. Le président de la CAPEB demande plus de transparence et de solidarité de la part des fournisseurs.

l'activité est au beau fixe mais la situation est compliquée pour les artisans

Si 45 % des artisans du bâtiment déclaraient en janvier répercuter la hausse des prix des matériaux dans leurs devis, ils ont été 60 % à avoir franchi le pas en avril. La part moyenne de la hausse répercutée était de 30 % en début d’année, elle est désormais de 43 %. Face à une augmentation du coût des matériaux qui s’installe dans la durée, les artisans s’adaptent. C’est ce qui ressort d’une enquête menée par la CAPEB auprès de ses adhérents. Depuis janvier, les prix des matériaux ont augmenté en moyenne de + 18 %. Soit l’équivalent de la hausse constatée sur l’ensemble de l’année dernière, déclare Jean-Christophe Repon, le président de la Confédération. «C’est inquiétant et surtout stressant», déplore-t-il. En dépit d’une activité très favorable (+ 3,5 % au premier trimestre), les artisans doivent faire face à de grosses difficultés de production et d’organisation, avec à la clé des modifications de plannings, des réorganisations d’équipes ou encore des recherches de nouveaux fournisseurs. Difficile de faire un devis correctement sans risque de perdre d’argent. Des pratiques nouvelles apparaissent telles que le versement d’acomptes pour l’achat des matériaux ou la réduction de la durée de validité des devis à 15 jours qui, avec un peu de pédagogie auprès des clients, n’est plus un sujet tabou.

Le problème : les délais de prévenance des augmentations de la part des fournisseurs sont souvent trop courts, quand ils ne sont pas inexistants, déplore la CAPEB, qui a alerté Bercy à plusieurs reprises. Dénonçant certaines pratiques « pas très respectueuses de l’artisan », Jean-Christophe Repon réclame plus de transparence et de solidarité de la part des industriels et des distributeurs. Plusieurs partenaires de la CAPEB, parmi lesquels Saint-Gobain, Viessmann, BDR Thermea, Tereva ou encore Berner, se sont engagés au travers d’une déclaration commune de bonnes pratiques à faire preuve de « solidarité de filière ». Celle-ci prévoit notamment un délai de prévenance d’au moins un mois, avec une augmentation en début de mois. «L’artisan est en bout de chaîne et vu sa taille, est rarement en pouvoir de négocier. Nous avons la sensation de perdre de la marge, et d’être un peu les dindons de la farce», poursuit le président de la CAPEB, qui interpelle le (futur) gouvernement. Et qui, conscient que cet épisode ne sera pas un cas isolé, appelle ses adhérents à valoriser à l’avenir davantage leur main d’œuvre et leurs compétences, et un peu moins la marge sur les matériels. «Cela nous permettra d’avoir davantage la main sur nos prix».

 

Un carnet de commandes moyen de 103 jours

 

Après une croissance historique de + 12 % en 2021 due à l’effet rattrapage post covid, l’activité de l’artisanat du bâtiment reste orientée à la hausse sur les premiers mois de l’année, à + 3,5 % (+ 3 % dans le neuf, + 4 % en entretien/amélioration et + 4,5 % en rénovation énergétique). Deux régions se démarquent : la Bretagne et le Centre-Val-de-Loire, tandis qu’à l’inverse, la région PACA affiche un timide + 2 %. Les carnets de commandes continuent d’enfler, passant de 91 jours en moyenne au mois de janvier à 103 jours actuellement. L’emploi a progressé de + 4,2 % (soit 26 000 nouveaux postes) et l’apprentissage de + 10 %, soit 75 à 80 000 professionnels. Mis à part les problèmes d’approvisionnements et de hausses de prix, les chefs d’entreprises sont majoritairement optimistes : 53 % envisagent une poursuite du dynamisme de l’activité et 31 % une hausse.

Mais le contexte reste très incertain, tempère Jean-Christophe Repon, persuadé que l’euphorie va se tasser dans les mois à venir, notamment en raison des incertitudes liées au contexte international. D’où une prévision de croissance à l’année qualifiée de «raisonnable », de l’ordre de + 1,5 % à + 2,5 %. «Nos adhérents sont fatigués, pour certains proches du burn-out, avec des marges en baisse et des trésoreries dégradées. C’est difficilement audible, alors que de nombreux voyants sont au vert, mais c’est la réalité», conclut Jean-Christophe Repon.

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