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Pourquoi produire un million de Pac en France ne sera pas un long fleuve tranquille

21 MARS 2024 - JOURNAL L'INSTALLATEUR

Les industriels de la pompe à chaleur ont le blues. Accompagner la transition énergétique, oui, mais à condition de disposer d’une ligne claire et d’une visibilité sur le long terme. C’est en substance le message délivré par Stanislas Lacroix, président d’Uniclima (et patron d’Aldes), lors d’une intervention dans le cadre de la Journée de la pompe à chaleur le 14 mars dernier.

Stanislas Lacroix

Arriver à produire un million de pompes à chaleur en France ne sera pas un long fleuve tranquille. Les capacités actuelles de production s’élèvent environ à 250 000 unités intérieures par an. Autant dire qu’on part de loin. Au mieux, la production pourra être portée à 350 000 unités en 2027, estime Stanislas Lacroix. Et le cap du million ne sera pas franchi avant 2030, en étant optimiste. Les efforts à réaliser sont considérables et nécessitent des investissements chiffrés au bas mot à 5 milliards d’euros. Il faudra également recruter et former massivement, dans tous les secteurs, industrie comme installation/maintenance. Or, sur un marché de la pompe à chaleur en pleine déprime (- 13 % sur l’année 2023, et – 43 % sur le seul mois de février 2024) l’inquiétude prévaut. De plus, la concurrence mondiale est forte, en provenance d’Asie, mais aussi d’Europe centrale, où émergent de nombreux sites industriels. « Pour un industriel, un marché déprimé, c’est de l’inquiétude, et c’est donc une remise en cause des investissements », lance Stanislas Lacroix. « Sans demande, l’industriel ne trouve pas ses marchés et sans marchés, il ne lance pas les investissements ». Et de rappeler que l’industrie a besoin de visibilité, la conception et le développement d’un produit s’inscrivant dans un temps long. « L’industriel est à la croisée des chemins. Il doit à la fois se conformer aux enjeux de l’offre et de la demande, se louvoyer dans les contraintes et dans les ambitions, dans une logique d’injonctions parfois contradictoires, voire paradoxales ».

Libérer l’étau administratif

La révision des systèmes d’aides – MaPrimeRénov’ en particulier – va dans le bon sens pour stimuler la demande, mais elle n’est pas suffisante, juge le président d’Uniclima : « Je vais me permettre en tant qu’industriel d’être assez direct : il faut stopper les contraintes multiples et injonctions contradictoires anxiogènes. L’industriel a déjà du mal à empiler les sujets qui sont propres à son domaine. J’appelle de tous mes vœux que la surtransposition française des directives européennes ne soient plus le lot commun. Accélérer une surtransposition en France semble déraisonnable quand on voit déjà l’effort qu’il y a à opérer et les enjeux qui sont devant nous. Et enfin, simplifions et décomplexifions ! Nous passons plus de temps aujourd’hui à faire des ACV, des bilans carbone, des indicateurs de performance pour nourrir des fichiers utilisés par on ne sait qui : ça ne crée pas de valeur, et ça crée encore moins de performance pour la transition énergétique. Donc libérons un peu l’étau administratif au profit de la création de valeur, ça fera beaucoup de bien, surtout en cette période où on besoin de relancer la machine ».

 

L’INSTALLATEUR

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