Depuis le début de l’année 2023, le groupe de travail Sereine, l’un des 8 projets du programme Profeel, applique sa méthode de mesure de la performance énergétique réelle aux bâtiments de logements collectifs. Après avoir passé l’année 2022 à la concevoir et la tester dans de nombreuses simulations numériques, l’expérimentation a désormais lieu sur des bâtiments réels.
Afin de tester la méthode de mesure de la performance énergétique réelle des bâtiments collectifs, la nouvelle équipe Sereine a instrumenté des appartements franciliens mis à disposition par le Conseil départemental des Hauts-de-Seine (92). D’autres mesures seront programmées sur l’ensemble du territoire national pendant la prochaine saison de chauffe d’octobre 2023 à avril 2024, ouvrant la voie à une publication de la méthode d’ici la fin d’année 2024.
Pour l’heure, le Conseil départemental 92 a donné accès à 3 appartements répartis dans 3 immeubles dans lesquels des travaux de rénovation énergétique venaient d’être achevés. Des mesures ont été programmées sur ces 3 appartements pendant une durée de 4 à 5 jours chacun : le matériel de chauffe a été installé ainsi que l’ensemble des capteurs que comprend le kit dédié aux logements collectifs. Des images prises avec une caméra infrarouge ont permis de compléter les analyses aboutissant aux résultats suivants : un bon niveau d’isolation thermique après travaux au global même si les mesures locales permettent d’identifier des disparités selon les pièces. Ces expérimentations in situ ont également permis de tester grandeur nature la première mouture de
l’application dédiée à l’analyse des systèmes énergétiques installés dans le bâtiment et dans les
appartements.
Un nouveau matériel : le fluxmètre
L’objectif de cette méthode dédiée aux immeubles de logements collectifs est de déterminer un indicateur de performance énergétique réelle d’un bâtiment dans sa globalité à partir de mesures réalisées dans certains logements. Cela impose de bien distinguer les déperditions vers l’intérieur du bâtiment (entre appartements, ou vers les parties communes) de celles vers l’extérieur. A cet effet, les premières études ont abouti à la certitude que le fait d’ajouter des fluxmètres au kit de mesure Sereine pour le logement collectif permettrait d’apprécier plus finement les déperditions par transmission au sein du bâtiment et donc d’obtenir une mesure globale plus précise. Un benchmark a permis de choisir le meilleur matériel. Et c’est ainsi que ces capteurs mesurant le transfert de chaleur au travers d’une paroi, installé sur les murs, planchers et plafonds ont intégré le dispositif Sereine. Ces premières expérimentations en site réel ont été l’occasion pour l’équipe de travailler ensemble dans sa nouvelle configuration et d’accueillir Saint-Gobain Research Paris comme 9e membre du consortium Sereine (auprès l’AQC, du CSTB, de l’Ines, du Cerema, d’Armines, de l’Université Savoie Mont-Blanc, du Costic et de Nobatek-Inef4).
Evolution de la méthode de mesure
Pour rappel, en décembre 2021, le consortium Sereine avait publié sa méthode de mesure de la performance réelle des maisons individuelles, disponible sur le site de Profeel. Cette méthode pleinement opérationnelle permet, d’une part, de mesurer le niveau d’isolation global de l’enveloppe, et, d’autre part, d’évaluer la performance des systèmes installés pour les 5 usages : chauffage, eau chaude sanitaire, ventilation, climatisation, éclairage.
En 2022, le projet Sereine a été reconduit avec deux objectifs principaux : déployer la méthode de mesure de la performance réelle des maisons individuelles (240 maisons à mesurer durant les 3 ans du projet) ; proposer une méthode adaptée au secteur du logement collectif. Dans la préparation du projet Sereine 2, l’équipe a sollicité l’avis de la filière afin de répondre pleinement aux besoins et contraintes opérationnelles de la typologie particulière des logements collectifs. Elle a dû relever un nouveau défi : celui de déduire d’une mesure par échantillonnage (un ou plusieurs logements seulement) un indicateur de performance à l’échelle du bâtiment. Au-delà des études et des réflexions en laboratoire, l’équipe a souhaité tester sur le terrain le matériel et vérifier les résultats obtenus ainsi que l’opérationnalité de la méthode conçue. Sur cette base, un protocole a été élaboré privilégiant la réalisation de mesures d’enveloppe dans les appartements situés en angle aux niveaux inférieur et supérieur. Ces mesures à effectuer en totale inoccupation des logements, sont complétées par des visites d’autres appartements, qui
peuvent rester occupés, visant à évaluer la performance de l’isolation localement et à analyser les installations énergétiques individuelles. Les systèmes communs font l’objet d’une visite complémentaire. Les résultats des expérimentations de terrain permettront d’affiner le protocole.