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« Nous avons plus de temps pour les phases de conception » (Hervé Graton, BE Kypseli)

06 MAI 2020 - CFP

Fondé en 2011 et dirigé par Hervé Graton, Kypseli est un bureau d’études spécialisé en ingénierie des fluides énergie et environnement. Basé à La Bruffière (85), il compte 11 collaborateurs. Tous opérationnels en télétravail depuis les premiers jours du confinement, ils maintiennent leur activité à 75 %.

Hervé Graton

« L’arrêt des chantiers est ce qui a le plus d’impact sur notre activité, pose Hervé Graton, ainsi que les validations de dossiers par les maîtres d’ouvrage qui traînent un peu. Cela nous empêche de passer aux phases suivantes et d’engager des études complémentaires. Par ailleurs, pour les commandes publiques, de nombreux concours et dossiers de candidature ont été reportés à fin mai ou à juin, cela va ralentir tout le système en marchés publics. » Du retard sans trop de casse puisqu’il laisse finalement davantage de temps pour se concentrer sur les phases conception. Sans pour autant faire les choses plus lentement… Il s’agit surtout de les faire mieux. « Cela nous permet de nous poser un peu. Je pense qu’on en était arrivés à un rythme effréné dans nos activités et difficilement tenable. » Avec parfois, aussi, un sentiment de dévalorisation du métier de bureau d’études. « Cela arrive régulièrement qu’un maître d’ouvrage nous demande de modifier certains détails à la dernière minute, typiquement lors des rendus en phase Pro, alors même que tout avait été validé en amont. Si l’on objecte qu’il va nous falloir plus de temps pour intégrer correctement les modifications, on nous rétorque « de toute façon, il n’y en a pas pour longtemps ». » Hervé Graton insiste sur le mot « études » dans « bureau d’études », une activité qui, par définition, demande du temps. Alors il s’interroge sur l’avenir. « Les maîtres d’ouvrage et autres acteurs vont-ils garder de cette expérience de confinement une manière plus posée de travailler et prendre conscience que nous sommes allés trop loin dans nos façons de faire ? Ou voudront-ils rattraper le temps perdu et remettre un grand coup d’accélérateur au sortir de la crise ? »
La reprise s’amorçant déjà rapidement dans certains secteurs, la réponse semble se dessiner…

La pause-café de 10 h en visio
Concrètement, au sein du BE, tous les collaborateurs, opérationnels en télétravail depuis les premiers jours de confinement, le resteront jusqu’au 2 juin. « Une fois équipés de caméras et de casques, tout le monde a pris ses repères très rapidement, souligne Hervé Graton. Nous avions déjà les outils collaboratifs adéquats ainsi qu’une connexion VPN. Nous avons conservé notre point planning du lundi matin en visio, ainsi que la pause-café de 10 h tous les jours ! » Rendez-vous privilégié et fédérateur même par écrans interposés, cette pause matinale est l’occasion de parler des dossiers en cours mais aussi de l’actualité et de la vie personnelle des uns et des autres. En fonction du besoin de compétences sur les dossiers, les collaborateurs travaillent pour certains quasiment à 100 %, d’autres un peu moins. Sur les dossiers actifs au sein du BE, 60 % sont en conception et 40 % en chantier. « Quelques-uns de nos chantiers n’ont pas connu d’arrêt temporaire, même s’ils ont été très ralentis. Nous n’avons pas eu à intervenir sur site – ce qui représente du temps en plus à optimiser – mais nous avons toujours un suivi à faire, certains entreprises ayant envoyé leurs dossiers d’exécution, des plans… »

Inquiétude pour la fin d’année
En se projetant sur le prochain exercice (Kypseli clôture en septembre), Hervé Graton affirme que 60 % du chiffre d’affaires est déjà acquis et il a 17 mois de visibilité. « L’incertitude tient au fait que nous ne savons pas encore lesquels de nos projets peuvent potentiellement s’arrêter. D’une façon générale, au niveau de la profession, je suis plutôt inquiet pour la fin d’année, qui risque de connaître un gros coup de frein. Pour les entreprises qui clôturent en décembre, les bilans du premier trimestre 2021 risquent d’être catastrophiques. Cela pourrait entraîner des mises en liquidation et défigurer le microcosme du bâtiment. Or ce microcosme repose sur un équilibre, comme la biodiversité. Si un élément est perturbé, cela menace l’équilibre global… Si la chaîne est rompue, cela profitera à certains mais je crois surtout que cela mettra à mal tous les autres. »
Via un double regard, économique et écologique, Kypseli accorde une grande importance à l’impact environnemental de ses différents projets, visant toujours une empreinte minimale. « Idéalement, j’espère que nous pourrons tirer les bonnes leçons de cette crise, conclut Hervé Graton. Mais, pour cela, il faudrait qu’elle fasse comprendre à un maximum d’acteurs que c’est notre impact sur la consommation et notre mode de vie qui nous a conduits à cette problématique sanitaire… »

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