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Menaces sur l’obligation d’entretien des chaudières

03 NOVEMBRE 2016

À la faveur de la révision de la directive européenne sur l’efficacité énergétique des bâtiments*, l’obligation d‘entretien annuel des chaudières par les professionnels pourrait bien être remise en cause…

photo Testo

« La France doit monter au créneau ! » exhorte Jean-Paul Ouin, délégué général des fabricants de matériels Uniclima. « L’installateur n’est pas un voleur », s’exclame pour sa part Jean-François Marty, entrepreneur.
En effet, la Commission européenne s’orienterait plutôt vers une «inspection» par un «tiers indépendant» des chaudières à l’avenir.

Ce système est déjà à l’œuvre en France pour les pompes à chaleur et la climatisation. Il a fait la preuve de son inefficacité. «Aujourd’hui, d’après les estimations de l’Association française du froid (AFF), seuls 2 à 3 % des installations de climatisation et de pompes à chaleur ont été inspectées», explique Jean-Paul Ouin. «C’est un échec. On n’a d’ailleurs pas suffisamment d’inspecteurs».

Dans le même temps, depuis 2010, la traduction française de la directive dans le domaine du chauffage a été l’obligation d’entretien annuel réalisé par un professionnel pour les chaudières de moins de 400 kW. «Cette obligation est une réussite puisque nous avons un taux de couverture de 60 à 65 %», reprend le délégué général d’Uniclima. Il dénonce l’excès de zèle européen et la vision technocratique qui aboutit à porter le doute sur l’honnêteté des professionnels. «Cette façon de faire c’est l’idée que le professionnel qui fait l’installation ou celui qui fait la maintenance veut surtout se mettre de l’argent dans les poches et qu’il le fait au détriment de son client.»

 

« L’installateur n’est pas un voleur »

Un esprit que dénonce en d’autres termes Jean-François Marty, vice-président des 6 000 entreprises d’installation et de maintenance de l’UECF-FFB : «Il faut faire passer le message que la maintenance des équipements protège le consommateur et que l’installateur n’est pas un voleur !» Pour le professionnel, la relation est équitable car l’installateur cherche une relation durable avec son client dans un intérêt mutuel. Par ailleurs, ce dernier peut à tout moment faire jouer la concurrence et changer de prestataire.

Par la voix de leur délégué général, les fabricants demandent aux pouvoirs publics de monter au créneau européen. «Je pense qu’il faut garder cette obligation d’entretien des chaudières et conserver le fait qu’elle soit effectuée par les installateurs et les mainteneurs qui sont compétents et qui existent bel et bien.»

Le risque serait à terme que la réglementation européenne impose une nouvelle procédure qui présente bien sur le papier mais fait plutôt la preuve de son inefficacité. Alors que la France a été très pragmatique en ce qui concerne les chaudières et avec succès même s’il faut maintenant se donner la peine d’aller chercher les 3 millions de chaudières qui ne sont toujours pas entretenues sur un parc estimé à plus de dix millions d’appareils. Les professionnels réclament aux pouvoirs publics une «communication positive» pour les aider à sensibiliser les particuliers dans ce domaine.

 

* Directive 2010/31/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 mai 2010 sur la performance énergétique des bâtiments (articles 14 et 15). Réexamen prévu « au plus tard », le 1er janvier 2017. Elle était déjà la révision d’un premier texte, la Directive 2002/91/CE du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2002 sur la performance énergétique des bâtiments (articles 8 et 9).

Crédit photo : Testo

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