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[Menace sur les chaudières gaz] Roland Bouquet, président du Synasav : «Attention à ne pas déclencher un vent de panique ! »

30 MARS 2023 - L'Installateur

Nous l’évoquions dans l’Installateur du mois de mars, une menace bien réelle pèse sur les chaudières gaz, motivée par la volonté des pouvoirs publics d’accélérer la sortie des énergies de chauffage purement fossiles. Roland Bouquet met en garde : «Attention aux dégâts susceptibles de provoquer l’annonce brutale d’une interdiction des chaudières gaz !»

Roland Bouquet président du Synasav

Dans les prochains jours, une concertation va être  lancée afin que soient étudiées les conditions dans lesquelles la sortie du gaz pourrait éventuellement être engagée. La filière professionnelle tente de peser de tout son poids afin d’éviter une annonce trop brutale dont l’onde de choc aurait des effets désastreux. Craignant un vent de panique parmi ses clients comme chez les professionnels, Roland Bouquet, président du Synasav, est monté au créneau. Il met en garde : «Attention aux dégâts susceptibles de provoquer l’annonce d’une interdiction des chaudières gaz !». Le souvenir du précédent épisode sur l’annonce de la sortie du fioul est encore vif… «Je ne suis pas opposé à la pompe à chaleur», dit celui qui est par ailleurs vice-président de l’Afpac. «Je dis simplement qu’il ne faut pas précipiter le calendrier, pour la simple raison que nous n’avons pas les bras, installateurs comme mainteneurs». Une cause qu’il a récemment plaidée lors d’un entretien avec le conseiller énergie de l’Elysée.

Porte ouverte aux éco-délinquants

Une enquête menée auprès des adhérents du Synasav fait ressortir que seuls 15 % des techniciens sont à ce jour formés à la pompe à chaleur, soit 3000 sur un total de 20 000 techniciens de maintenance. «C’est clairement insuffisant, sachant qu’il faut environ cinq ans pour qu’un technicien gazier «première langue» devienne autonome sur la pose et la maintenance d’une pompe à chaleur. La situation est identique chez nos confrères installateurs. Lorsque demain les clients nous appelleront pour installer une PAC, nous serons dans l’incapacité de répondre, avec le risque de laisser la porte ouverte aux éco-délinquants qui n’attendent que ça pour venir hameçonner nos clients. Attention à ce que la PAC n’échappe pas à la filière traditionnelle et que l’on ne se retrouve pas avec davantage encore d’équipements posés sauvagement ».

 

Roland Bouquet fait également valoir la complexité parfois d’installer une pompe à chaleur en rénovation. «Prenez l’exemple d’un pavillon moyen de 80 m² équipé d’une chaudière murale intégrée en cuisine qui produit de l’eau chaude sanitaire instantanée. S’il faut la remplacer par une pompe à chaleur, aura-t-on suffisamment de place pour ajouter un ballon d’ECS ? S’il s’agit d’une maison de ville, y a-t-il de l’espace pour le groupe extérieur ? ». Un autre risque a été identifié : celui de recréer de la précarité énergétique avec des clients qui, faute de moyens, seront dans l’incapacité de faire réparer leur pompe à chaleur. «Chacun le sait, remplacer une pièce sur une PAC coûte plus cher que sur une chaudière, qu’il s’agisse d’un compresseur, d’un évaporateur ou d’une carte électronique». Pour y voir plus clair, le syndicat mène actuellement une enquête auprès de ses adhérents afin de dresser un comparatif entre le coût moyen de maintenance d’une chaudière et celui d’une pompe à chaleur.

Jouer la montre

Reste que le coup est parti, la concertation sera lancée dans les jours qui viennent. Une annonce sera faite prochainement, certainement accompagnée d’un calendrier. «Si le calendrier est trop serré, il y a un risque réel que nos adhérents ne soient pas prêts», pointe Cyril Radici, directeur général du syndicat. Il faudra donc jouer la montre : «Compte tenu du nombre de techniciens disponibles et du nombre de chaudières concernées, ce sera à nous de proposer des scénarios les plus indolores possibles pour espérer étaler au maximum dans le temps la sortie des énergies fossiles», avance Roland Bouquet. «On fait le maximum pour apporter notre expertise terrain, en espérant que nos arguments soient entendus. Sans oublier que sur les 12 millions de chaudières en service, 5 millions ne sont pas THPE. Le simple fait de les remplacer par des chaudières plus performantes entraînerait déjà mécaniquement une baisse importante des émissions de CO2. Notre métier, c’est de faire durer les appareils et de maintenir leurs performances. On est dans l’économie et la décarbonation ». Des arguments dans l’air du temps.

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#1 f.massip@4-inside.com - 12/04/2023 à 16:49
Très bon article qui résume bien les enjeux de notre métier