A 21 ans à peine, Tom Péan vient de connaître l’ivresse des sommets. Médaillé d’or aux finales nationales, il représentera la France aux Olympiades des Métiers (les «Worldskills ») qui se tiendront au mois d’octobre à Shanghai. Une victoire arrachée au prix d’une intense préparation à la fois technique, physique et mentale. Portrait d’un surdoué de la plomberie et du chauffage.
Garder la tête froide en toutes circonstances. Avant, pendant, mais aussi après l’épreuve, lorsque pleuvent les honneurs et que l’on réalise en même temps le poids qui repose sur ses épaules, celui de représenter toute une profession – la plomberie-chauffage - au sein de l’équipe de France des métiers. Une occasion unique dans une vie. Vainqueur de la finale nationale, qui s’est tenue du 13 au 15 janvier à Lyon, Tom Péan a franchi haut la main la première étape. La marche suivante – la compétition internationale – sera plus haute encore. A Lyon, 600 jeunes se sont affrontés pour décrocher leur passeport pour Shanghai. 64 métiers étaient représentés, dont 17 dans le BTP. Signe de son importance, le premier ministre Jean Castex est venu le second jour de la compétition, accompagné d’Elizabeth Borne, ministre du Travail, et de Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale.
Tout s’est joué au mental
Tout juste médaillé, les yeux encore pleins d’étoiles, Tom a déjà repris son poste chez Génie Fluide, à Bouillargues près de Nîmes, où il termine son apprentissage. Armé d’un brevet professionnel en plomberie-chauffage, ce Compagnon du Devoir natif d’Orléans complète actuellement sa formation par un BP de frigoriste qu’il termine cette année. Comme il se doit, le jeune Compagnon s’est plié au Tour de France. Après Rouen où il a obtenu son CAP, sa route l’a successivement mené à Tours, Nantes, Dijon, Bordeaux, et aujourd’hui Nîmes. Et demain, cap sur la Chine pour une aventure incroyable…
«Tout s’est joué au mental», concède-t-il, avouant une âme de compétiteur. «Je me suis très bien préparé, j’en voulais !» Surtout, il a bénéficié de l’accompagnement de son coach Cyril Moreau, son ancien patron en Bourgogne, Compagnon du Devoir comme lui, qui l’a entraîné, l’amenant toujours plus haut dans son art. «C’est à lui que je dédie ma médaille, il la mérite autant que moi !». Il a également bénéficié du soutien de son employeur actuel, Génie Fluide, qui l’a épaulé dans son aventure et lui a apporté les conditions nécessaires à sa préparation.
Les quelques mois qui le séparent désormais de la compétition mondiale en Chine vont être intenses, il le sait. Plusieurs séminaires sont programmés, incluant préparation mentale et physique, avec l’appui de sophrologues et de psychologues. Son entraînement sera digne de celui d’un sportif de haut niveau. Il devra même se mettre à l’anglais ! Pour pimenter le tout, l’examen du BP l’attend en juin, tandis qu’il doit également réaliser son chef d’œuvre (500 heures de travail quand même !), passage obligé pour couronner son compagnonnage. Pas vraiment de quoi s’ennuyer… Et ensuite ? Il se verrait bien exercer quelque part dans les montagnes, de préférence à la tête de sa propre entreprise. Mais on verra plus tard. Pour l’heure, il faut rester concentré face aux enjeux qui l’attendent. «Je vis quelque chose d’incroyable. Gagnant ou perdant, on verra bien, j’apprends énormément, et c’est déjà beaucoup».
