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Marché : coup de mou pour la PAC air/eau, la PAC air/air au plus haut

29 JANVIER 2024 - CFP

Les chiffres du marché du génie climatique ont été dévoilés début février par Uniclima. Sans surprise, les chiffres annoncés par le syndicat ne sont pas bons. Le vecteur à eau enregistre une nouvelle baisse : les PAC air/eau accusent le coup avec - 14 %, les chaudières à condensation sont aussi à la peine, sans compter les brûleurs. Et cela fait les affaires des PAC air/air qui atteignent un niveau record et sont de plus en plus souvent installées en tant que mode de chauffage principal.

uniclima

« Le contexte est compliqué », s’inquiète Stanislas Lacroix, le président d’Uniclima. « Le manque de permis de construire a touché nos activités. Nous avions un espoir que la rénovation soit active en 2023 et ne souffre pas, ça n’a pas été pas le cas. Elle a clairement été en-dessous des attentes. » En cause : le nombre de logements aidés par MaPrimeRénov’ en 2023 qui a chuté de 15 % par rapport à 2022 (cela représente 569 000 logements contre 700 000 en 2022). « La dynamique des pouvoirs publics n’est pas encore là, malgré une légère hausse des rénovations d’ampleur (+ 8,6 %). » Sur le tertiaire, les chiffres sont tout simplement « mauvais », explique le président d’Uniclima. « On attendait un effet positif du décret tertiaire… Cela tarde. » Un point alarmant rappelé par Stanislas Lacroix : le manque de remplacement des équipements. Il avait évoqué, il y a un an, que 120 000 générateurs à eau chaude avaient disparu du marché en 2022. En 2023, ce chiffre a doublé puisque 250 000 générateurs à eau chaude n’ont pas été remplacés. « En deux ans, il manque 250 000 machines qui n’ont pas été remplacées. La dynamique est négative. La situation 2023 va continuer, voire s’intensifier et les perspectives sont mauvaises. On est inquiets sur le neuf et sur la rénovation… ».

Record pour la PAC air/air...

C’est la grosse information de la matinée. Uniclima enregistre 910 000 PAC air/air vendues en 2023, soit 13 % de croissance, un record. Cette solution historiquement prévue pour le rafraîchissement l’est de plus en plus pour le chauffage. Elle progresse dans le neuf. La progression est plus importante pour les multi-splits (+ 23 %) que pour les mono-splits (+ 8 %), ce qui conforte l’analyse d’Uniclima sur une démocratisation de la fonction chauffage des appareils air/air en résidentiel. On retrouve majoritairement des solutions au R32. Les unités intérieures progressent dans la même proportion que le marché des unités extérieures avec + 14 %. « Les perspectives 2024 seront dynamiques », selon Jean-Michel Blin, secrétaire de Pac&Clim Info.

... Gueule de bois pour la PAC

Fortunes diverses avec la PAC air/eau... Le marché de la air/eau est à la baisse : - 14 % avec 306 000 pièces en 2023 contre 355 000 en 2022. « Le ralentissement s’est accentué tout au long de l’année, mais son niveau reste élevé et supérieur à 2021 », tient à rassurer François Deroche, président de l’Afpac. « La baisse du marché du neuf commence à se faire sentir. Mais le principal facteur de cette décroissance reste la rénovation avec la conjoncture économique et les prix des énergies, le manque de confiance des ménages, la complexité des aides... ». Dans le détail, les équipements biblocs baissent de 23 % avec 230 000 pièces (70 000 pièces d’écart avec 2022). Les monoblocs enregistrent une croissance de 37 % et pèsent près d’un quart du marché. « Cette croissance s’explique par les conséquences de la F-Gas avec les industriels qui proposent des gammes plus complètes », ajoute François Deroche. On peut noter que les équipements au R32 sont en hausse de 10 % et représentent 62 % du marché.

Ça coince pour les chaudières

Deuxième année de baisse pour les ventes de chaudières gaz et fioul avec - 23 %, soit une perte de 120 000 générateurs (390 000 unités en 2023 contre 508 000 en 2022). Jérôme Pradal, DG d’Ariston France et membre d'Uniclima, explique cette chute par l’arrêt des aides à la rénovation mais aussi le flou autour de ces technologies. « Les chaudières sont toujours qualifiées de fossiles au moment où arrivent les biocombustibles susceptibles de décarboner leur fonctionnement comme le biofioul ou le biobaz. » L’ensemble de la filière veut toujours croire en l’hybridation avec la technologie "chaudière + PAC" mais aussi à l’hybridation des systèmes. Les ventes de chaudières à condensation devraient continuer de diminuer en 2024.
Côté bruleurs gaz et fioul, la baisse est de 28 %, soit une perte de 10 000 bruleurs. « Le marché n’a pas été substitué par des chaudières collectives. Les parcs installés sont maintenus en vie. » Les ventes sont au plus bas pour les radiateurs à eau et les sèche-serviettes (en cause : la chute de la construction neuve). Les perspectives 2024 restent pessimistes.

Le granulé trébuche

Seulement 16 650 chaudières biomasse ont été vendues par les industriels en 2023, contre 42 000 en 2022. La baisse est de 60 %, soit 25 000 générateurs perdus. « On est revenu aux années 2019-2020 », déplore Eric Trendel, président du SFCB et DG d’HS France. « Cette baisse concerne les appareils au granulé, avec une envolée des prix qui a provoqué un désintérêt du grand public et un abandon d’une certaine catégorie de gros installateurs. » Les chaudières à bûches ont, quant à elles, doublé en 2023 avec 5 350 pièces vendues – contre 2 500 en 2022 –. Quid de 2024 ? La perspective n’est pas brillante à cause de la baisse des aides sur la biomasse de 30 %. « Le problème d’image est important. C’est une énergie qu’on abandonne !? On essaie de convaincre les pouvoirs publics de changer la donne. La refonte 2024 de MaPrimeRénov’ est catastrophique », regrette Eric Trendel.

Le solaire thermique résiste, le SSC progresse enfin

Valérie Laplagne, responsable EnR chez Uniclima, explique que le solaire thermique s’en sort bien avec + 8 % de m² installés, soit 73 000 m² installés en 2023 contre 67 450 en 2022. « L’année a bien démarré malgré une baisse des ventes à partir de septembre », explique-t-elle. La plus grosse progression est pour les systèmes solaires combinés (SSC) avec + 69 % de m² installés – soit 2 000 unités vendues contre 1 500 en 2022 –, mais cela reste un marché de niche. La surface installée avec les chauffe-eau solaire individuel (CESI) chute elle de 5 %, et celle avec les équipements collectifs de 10 %. La responsable EnR indique que l’Anah a subventionné 40 000 CESI, alors que le chiffre indiqué par Uniclima est de 20 000… De nombreuses installations ne sont pas considérées comme des CESI par la profession. Pour 2024, Uniclima espère que ce segment va « au moins » se maintenir.

La géothermie et le CET assurent

3 500 PAC eau/eau vendues en 2023 (soit + 18 %). « La PAC eau/eau reste un marché confidentiel. La géothermie enregistre ses meilleurs résultats depuis 2013 grâce aux aides. Tous les segments de puissances progressent », se réjouit François Deroche. Malgré un début d’année difficile, le chauffe-eau thermodynamique (CET) finit avec + 6 %, un nouveau record avec 177 000 pièces vendues. Pour 2024, le président de l’Afpac n’est pas optimiste et s’attend à une baisse.

La clim tertiaire épargnée

« L’activité du tertiaire n’est pas impactée par le neuf, mais attention à 2024… Il va y avoir un décalage », précise Eric Jasikas, responsable de l’activité « froid » à Uniclima. Les ventes de DRV atteignent un record avec 36 000 ventes (+ 1,4 %). « Cette activité n’est pas encore impactée par le décret tertiaire et les CEE. En 2024 ? On va commencer à ressentir la baisse sur le neuf et encore davantage en 2025 », rapporte Jean-Michel Blin. Après deux années de stagnation, les rooftops sont en hausse de + 7 % grâce à la rénovation et boostés par les centres logistiques. Les splits supérieurs à 17 kW sont eux stables.

La VMC simple flux en croissance

Le marché 2023 est positif, et rattrape les chiffres de 2021. Dans le logement individuel, les équipements simple flux sont en hausse de 5,2 %, portés par l’autoréglable. Couac pour les double flux qui dégringolent de 45 %, « à cause du bouleversement des aides », dixit Yves Fanton d'Andon, vice-président d'Uniclima. En collectif/tertiaire, le simple flux croît de 5 % et le double flux de 6,5 %.

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