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Les réseaux de chaleur veulent surfer sur la hausse des prix

09 NOVEMBRE 2021 - CFP

Au vu de la flambée des prix des énergies fossiles, l’association Amorce qui vient de dépasser les 1 000 adhérents et le syndicat national du chauffage urbain (appartenant à la Fedene) appellent à décarboner les réseaux de chaleur existants et à multiplier la création de nouveaux réseaux dans les villes de plus de 10 000 habitants.

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Aurélie Lehericy, présidente du syndicat national du chauffage urbain (SNCU), a tenu d’emblée à rappeler que les 833 réseaux de chaleur ont augmenté leur production de chaleur issue des ENR&R notamment grâce à l’énergie de récupération de chaleur issue des unités de valorisation des déchets et à la biomasse ces dernières années, mais ne représentent que 25,4 TWh de chaleur livrée nette alors que la consommation totale française est de 671 TWh (soit moins de 5 % de pénétration). Les réseaux de chaleur français ont certes franchi « un cap important » en 2020 en atteignant un taux d’ENR&R de plus de 60 % (15,3 TWh d’ENR&R fourni sur 25,4 TWh), mais c’est loin des objectifs du gouvernement qui fixe une livraison de 40 kWh de chaleur ENR&R à 2030. La SNCU, Amorce, l’Ademe et la DGEC propose de décarboner davantage les réseaux de chaleur existants pour se conformer, entre autres, à la prochaine RE 2020. « Plus un réseau de chaleur est vertueux, plus son prix sera stable. Le prix de vente moyen de chaleur renouvelable livrée par réseaux (73 €HT/MWh) est resté stable en 2020 par rapport à 2019. Les réseaux sont préservés par la fluctuation internationale grâce à l’approvisionnement local en ENR&R (bois énergie, géothermie, valorisation des déchets), dont les prix sont plus stables », explique Nicolas Garnier, délégué général d’Amorce. Ce dernier ajoute que l’enjeu est donc de « rénover et densifier les réseaux vertueux ».

En plus de cette stabilité de prix, les réseaux de chaleur sont compétitifs avec la hausse des prix des énergies fossiles. La directrice du SNCU affirme que chauffer un logement avec un réseau de chaleur utilisant au moins 50 % d’ENR coûte 1 200 euros TTC contre 1 400 euros pour une alimentation au gaz collectif. Les réseaux de chaleur vont également pouvoir surfer sur le raccordement obligatoire. En effet, à partir du 1er janvier 2022, tous les réseaux de chaleur utilisant au moins 50 % d’ENR&R seront automatiquement classés et une copropriété qui devra changer sa chaudière sera obligée de se raccorder à un réseau de chaleur passant à proximité de l’immeuble.

Autre point, la création de réseaux dans les villes de moins de 50 000 habitants. « Le potentiel est énorme puisque plus de 50 % des villes de plus de 10 000 habitants n’ont pas de réseau de chaleur », regrette Aurélie Lehericy. La création de réseaux dans ces villes est appuyée par Alexandre Dozières, sous-directeur efficacité énergétique de la DGEC. « Si on veut multiplier la création de nouveaux réseaux, il faut impérativement s’attaquer aux collectivités de plus de 10 000 habitants ». Fabrice Boissier, directeur général délégué de l’Ademe, insiste sur le fait de sensibiliser et « faire du porte-à-porte » auprès de ces petites collectivités. L’Ademe réfléchit pour les aider à horizon 10/20 ans dans le cadre d’appels à projets. « Le Fonds Chaleur représente 350 millions d’euros en 2021. Un tiers de ces aides vont financer les projets de production de chaleur à partir d’ENR&R, ainsi que les réseaux de chaleur liés à ces installations ». Nicolas Garnier ajoute que les opérateurs, collectivités et pouvoirs publics œuvrent pour accélérer le lancement de nouveaux réseaux dans ces villes à fort potentiel. Le délégué général d’Amorce en a aussi profité pour égratigner le chauffage électrique. « Arrêtons de parler d’électricité pour se chauffer, il y a d’autres moyens. Arrêtons de dire que l’électricité est l’alpha et l’oméga dans ce pays ».

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