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Les gaziers font de la résistance

30 MARS 2023 - L'installateur

Confronté à un contexte peu propice au gaz, GRDF met en avant les atouts de la chaudière THPE, de la PAC hybride et du gaz vert.

GRDF

Face à ceux qui prédisent la fin du gaz dans l’habitat, GRDF ne manque pas d’arguments. Interrogée sur ce sujet ce jeudi 30 mars lors d’une conférence de presse, Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF, a indiqué avoir eu connaissance d’une prochaine consultation que vont organiser les pouvoirs publics sur la décarbonation de l’habitat. «Nous expliquons que le gaz et les gaz vert vont permettre de décarboner. Il est très important pour la France de réussir la trajectoire 2030. Il faut savoir le faire de manière progressive, avec les bons pas, sans renoncement ni mesure brutale qui amènerait à consommer plus d’électricité. Si on a une électrification massive qui n’est pas raisonnée, ou en tout cas pas en phase avec le rythme de production d’électricité nucléaire et verte, on va avoir des émissions additionnelles. Electrifier massivement trop vite, ce n’est pas toujours décarboner».

Etats des lieux. Le gaz représente 20 % des émissions de CO2 en France. C’est une énergie utilisée pour le chauffage d’une maison sur 3, d’un logement collectif sur 2 et d’un bâtiment tertiaire sur 2.  Sur le parc de 9 millions de chaudières gaz individuelles ou collectives installées en France, 45 % sont THPE (Très haute performance énergétique). Les 55 % restants consomment 30 % de gaz de plus que les chaudières THPE. Si l’on remplaçait 5 millions de ces anciens modèles par des chaudières gaz nouvelles génération, et que l’on remplaçait également un million de chaudières fioul (situées à proximité des réseaux de gaz), on pourrait éviter en 2030 jusqu’à 5 Mt de CO2, argumente GRDF. 30 000 conversions fioul/gaz ont été réalisés en 2021. Si le nombre d’opérations a chuté en 2022, il pourrait repartir à la hausse avec la diminution du prix du gaz. «Nous regrettons énormément la disparation des aides pour l’installation d’une chaudière THPE, qui étaient significatives pour les ménages modestes et très modestes. Cela donne un mauvais signal, et peut faire penser qu’il ne s’agit pas d’un bon produit. Or cet appareil permet de décarboner à hauteur de 30 % par foyer, et très peu d’autres moyens peuvent le faire», souligne Laurence Poirier-Dietz. La directrice générale de GRDF met aussi en avant la pompe à chaleur hybride, un produit «extrêmement prometteur» : 800 000 PAC hybrides gaz pourraient être installées d’ici 2030,  ce qui éviterait l’émission de 1,6 à 3 Mt de CO2.

Financement du biométhane : des mesures attendues

Enfin, GRDF insiste à nouveau sur l’importance des gaz renouvelables, qui permettent de répondre aux enjeux de la souveraineté énergétique et de la décarbonation, à un prix acceptable. Au 1er mars 2023, 540 sites de méthanisation (avec une capacité de 9,5 TWh/an) sont raccordés au réseau gazier, dont 451 au réseau exploité par GRDF. Le biométhane ne représente encore que 2 % du gaz consommé en France. L’objectif serait d’atteindre 20 % en 2030, soit la capacité de 11 réacteurs en 2030 (contre deux à l’été 2023). 1000 projets sont en file d’attente actuellement à cause de problèmes de financement. La filière attend la mise en place de deux mesures. D’une part, l’adaptation du tarif d’achat pour les producteurs de biométhane, afin de tenir compte de l’inflation et du prix des énergies. D’autre part, le mécanisme des Certificats de Production de Biogaz. Ce mécanisme obligera les fournisseurs de gaz à financer les installations de biogaz. Ils pourront en répercuter le coût sur les consommateurs.

94 000 clients perdus en 2022

Enfin, GRDF a dévoilé ses résultats financiers : le chiffre d’affaires baisse, passant de 3,6 Md€ en 2021 à 3,4 Md€ en 2022, et le résultat net chute lourdement, de 338 M€ en 2021 à 17 M€ en 2022. Des résultats principalement liés à la baisse des consommations de – 16,7 % (due aux températures douces et aux efforts de sobriété), à l’inflation et à la hausse des prix de l’énergie. 94 000 clients ont été perdus en 2022, dont 40 000 pour le chauffage (et le reste pour la cuisson). Cette baisse de la clientèle chauffage est plus importante que d’habitude, ce qui s’explique notamment par la montée en puissance de la pompe à chaleur. Par ailleurs, l’entreprise peine à trouver de nouveaux clients, le secteur de l’immobilier étant ralenti.

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