Les chiffres 2022 ont été dévoilés ce jeudi par le syndicat Uniclima. Sans surprise, les pompes à chaleur s'envolent tandis que les chaudières sont en net recul. La biomasse poursuit son ascension et la PAC air/air ne progresse plus... Voici les chiffres du marché.
Année historique pour la PAC
Sans surprise, la pompe à chaleur continue son petit bonhomme de chemin. Après un exercice 2021 réussi (+ 50 % VS 2020), l’année 2022 de la PAC est du même acabit et qualifiée d’historique par le syndicat Uniclima. Les ventes 2022 enregistrent une croissance importante de 30 % par rapport à 2021 avec 346 000 pièces contre 267 000 en 2021. François Deroche, président de l’Afpac, se félicite que ce marché continue de bénéficier des aides à la rénovation. « Le marché s’est étendu aux ménages modestes. La demande est toujours soutenue, les usines tournent à plein régime. On aurait pu toutefois faire mieux sans les manques d’approvisionnement ». Dans le détail, les PAC biblocs (solutions les plus plébiscitées car elles représentent 86 % du marché) sont en croissance de 28 % avec près de 300 000 pièces. Les monoblocs enregistrent une croissance plus importante de 42 % même si elles sont loin d’être dominantes. L’analyse par puissance montre que tous les segments ont progressé en 2022. Ce sont les PAC de 6 à 10 kW qui connaissent la plus forte progression (+ 49 %). Elles représentent à elles seules près d’un tiers des ventes. Le segment des matériels de 11 à 20 kW a progressé pour sa part de 24 % et représente plus de la moitié des ventes (52 %). Bonne nouvelle à noter également, des PAC basse température s’installent en rénovation. « Le marché de la PAC a bénéficié du fort marché de la construction de 2021 », conclut François Deroche.
Les chaudières en chute libre
Jean-Paul Ouin, délégué général d’Uniclima, affirme qu’il est « difficile d’être positif » pour les chaudières. Après un rebond en 2021 (+ 22 %), les ventes de chaudières gaz et fioul accusent - sans trop de surprise - une baisse de 20 % en 2022. Cette chute s’explique en rénovation par la diminution des aides publiques pour les appareils au gaz. « Le secteur a perdu environ 200 000 générateurs de chaleur qui n’ont pas été totalement compensés par les progrès des pompes à chaleur ou de la biomasse », explique Jean-Paul Ouin. « Environ 100 000 générateurs ont donc disparu du marché en 2022 ! Ce n’est pas une bonne année même si 2021 avait été forte ».
La biomasse ne s’arrête plus
Après une bonne année 2021, l’année 2022 l’est tout autant. Les chaudières biomasse sont en progression de 24 % avec 42 000 pièces. 90 % des équipements sont automatiques (granulé de bois et notamment plaquettes) et 10 % (soit 4 000 appareils) sont à en chargement manuel (bois bûches). Ces équipements à chargement manuel ont connu un regain sur la fin de l’année. Celui-ci a été tempéré par la moindre disponibilité de ballons tampons, indispensables pour ce type d’installation, confie Eric Trendel, président du SFCB. « Ce ragain est dû à l’explosion du prix du granulé… et donc de l’intérêt pour le bois bûche ! Mais les industriels n’avaient pas anticipé ce boom et les stocks sont peu nombreux. Pour 2023, les perspectives de la biomasse sont bonnes. Les produits sont disponibles, le nombre d’installateurs qualifiés a augmenté et le prix de granulés a enfin commencé à diminuer ».
Le solaire ? Ça tape !
Le solaire thermique enregistre une 2e année de hausse ! La surface de capteurs dans l’individuel et le collectif est en progression de 29 %. Le collectif progresse modérément mais l’individuel progressent fortement (+ 45 %). Pour ce qui est des équipements, le marché des chauffe-eau solaires (CESI) s’élève à 11 300 pièces en 2022 contre 7 300 en 2021, marquant une très nette progression (+ 55 %). Valérie Laplagne souligne que le seuil symbolique des 10 000 appareils a été dépassé. Les ventes de systèmes solaires combinés (SSC) ont été multiplié par 3 avec 1 500 systèmes contre 470 en 2021. L’année 2022 confirme la reprise de ce marché. La croissance s’effectue essentiellement en rénovation, soit en remplacement de chaudières anciennes à énergie fossile, soit en complément d’une installation existante. Tous les feux sont au vert pour 2023 dans l’individuel avec une aide pour les SSC. Uniclima reste toutefois attentif aux installations face à ce fort développement. « Nous restons favorables aux contrôles que mettent en place les pouvoirs publics pour assurer la qualité des installations et éviter les effets d’aubaine », ajoute Valérie Laplagne.
La clim, seul hic de la thermodynamique
Si la PAC et le chauffe-eau thermodynamique s’envolent (voir plus bas pour le CET), la clim ne progresse plus. Après des années de hausse, la PAC air/air recule de 8 % entre 2022 et 2021 même si son niveau reste très élevé (772 000 PAC air/air vendues en 2022 contre 838 000 en 2021). Cette baisse s’explique par : un manque de stocks chez les distributeurs, le fort boom de la PAC air/eau avec des installateurs moins disponibles et une vague de chaleur décalée, d'après Eric Jasikas, vice-président d’Uniclima. « Pour les industriels, la saison n’a réellement démarré qu’en août et septembre à cause de la vague de chaleur ressentie tardivement dans toute la France. Ensuite est venue l’envolée du coût des énergies dans le contexte de la guerre en Ukraine et de l’inflation. Ce contexte a pu inciter les consommateurs à investir dans d'autres systèmes de chauffage plus performants, capables aussi d’assurer le confort d’été ! ».
Ça carbure pour le DRV, pas pour le chiller
Les ventes de DRV ont atteint un nouveau record historique en 2022 avec plus de 35 000 appareils (en nombre de groupes extérieurs). C’est un marché qui est essentiellement tiré par la rénovation des bâtiments tertiaires. Les ventes de systèmes splits de plus de 17,5 kW et de rooftops sont en très légère progression sur un marché qui s’inscrit à un niveau élevé. Fortunes diverses pour les chillers. Les ventes en 2022 accusent un recul de 12 % qui touche notamment la catégorie des matériels air/eau (87 % des ventes). Les refroidisseurs de liquide eau/eau résistent mieux. Sur ce marché, les demandes restent stables. La baisse des ventes est donc liée à un allongement des délais de livraisons en raison de difficultés d’approvisionnement pour certains composants. Ce phénomène touche davantage les systèmes air/eau que les systèmes eau/eau.
Activité contrastée pour la ventilation…
Dans l’individuel, les VMC simple flux sont en retrait de 5,8 %, contrairement à la ventilation double flux qui a clairement bénéficié pour la 2e année consécutive de MaPrimeRénov’ mise en place en 2020 et ayant déjà eu un fort impact en 2021. Le marché du collectif et du tertiaire fait lui du yoyo. L’année 2022 s’inscrit en dessous de ces tendances de fond d’avant les années pandémie (2012 à 2019). La tendance de fond est en recul pour les équipements de ventilation aussi bien simple flux que double flux (- 9 % au global). Toutefois, la ventilation double flux s’en tire mieux étant liée à la construction de bâtiments plus efficients.
Et aussi : la géothermie tient bon, le CET assure
La vente de PAC géothermiques progresse aussi pour la 2e année consécutive. Cela reste un marché de niche en rénovation avec près de 3 000 pièces. En raison de délais de livraisons qui se sont allongés (6 mois) et de la difficulté que connaissent les entreprises d’installation à répondre au volume de la demande, la géothermie accuse toutefois un ralentissement sur les 4 derniers mois de 2022 par rapport à la progression globale de l’année.
Une 2e année de hausse pour le CET avec une fin d’année en trombe. Finalement il est en croissance de 8 % avec 163 000 unités vendues. « Malgré un fléchissement des ventes au 2e quadrimestre, la fin d’année a permis de rattraper le retard. L’an prochain (2023), le marché va rester élevé… », détaille Valérie Laplagne, qui note une incertitude sur le marché du neuf à cause du fléchissement des dépôts de permis de construire.
