Le Ministère de la Transition écologique et solidaire a dévoilé ce lundi 20 janvier les ajustements de la Programmation pluriannuelle de l’Energie (PPE), qui est la trajectoire énergétique de la France pour ces 10 prochaines années. Le parc des pompes à chaleur aérothermiques pourrait être multiplié par trois d’ici 8 ans.
La PPE décrit les mesures qui permettront à la France de décarboner l’énergie afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Les 10 prochaines années permettront de prendre le virage qui rendra faisable cette ambition nécessaire. Quels sont les enseignements à retenir pour les équipements du génie climatique afin de réduire les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre dans le bâtiment ?
Fin du fioul en 2028
Des mesures spécifiques (soutien du CITE pour un an encore, MaPrimeRenov’ qui lui succède progressivement, CEE) ont été instituées pour inciter les ménages à remplacer leurs chaudières au fioul et les anciennes chaudières au gaz par des chauffages renouvelables ou des chaudières gaz à très haute performance énergétique. L’ambition est de ne plus utiliser de fioul domestique pour le chauffage à l’horizon de la fin de la PPE, soit en 2028. Et fin du fioul coïncidera alors avec une accélération significative du rythme de développement des énergies renouvelables. L’Etat souhaite donc maintenir des aides « incitatives » comme MaPrimeRénov pour l’installation de chauffage renouvelable, à savoir pompes à chaleur air/eau ou géothermiques, chaudières biomasse, systèmes solaires combinés ou un raccordement à un réseau de chaleur.
La PAC va tout exploser
Il ne fait aucun doute que la pompe à chaleur sera le grand gagnant de cette décennie. Mais à quelle hauteur ? Un scénario de la PPE dévoilé par le Ministère affirme que le parc de pompes à chaleur aérothermiques (PAC air/air et PAC air/eau) en maison individuelle atteindra 6,8 millions d’unités en 2028, soit une multiplication du nombre d’équipements par 2,8 par rapport au parc 2017. Le parc de PAC géothermiques pourrait lui atteindre 315 000 unités selon le scénario de la PPE, soit une multiplication par 2 du nombre d’équipements en maison par rapport au parc 2017. Dans le collectif, ce scénario toujours inscrit dans la PPE dévoile que le parc de PAC aérothermiques en 2028 serait de 2,2 millions d’unités, soit une multiplication par 2,9 du nombre d’équipements par rapport au parc 2017.
1 000 logements collectifs par an pourraient même être équipés d’une PAC géothermique. Dans le tertiaire, ce scénario correspond en 2028 à 114 millions de m² de surfaces tertiaires chauffées par pompe à chaleur aérothermique (soit une multiplication par 2 par rapport au parc 2017).
Pour cela, la filière devra pérenniser les soutiens via le CITE/MaPrimeRénov’ pour les PAC air/eau et pour les PAC géothermiques, en visant le même ordre de grandeur de reste à charge pour l’une ou l’autre de ces deux solutions.
Faire rayonner l’énergie solaire
Afin de redonner des couleurs à l’énergie solaire, la PPE souhaite dans l’individuel (en plus du soutien via le CITE aux dispositifs solaires thermiques) développer un kit de communication pour les conseillers FAIRE sur l’intérêt du solaire thermique dans l’individuel, afin de promouvoir davantage cette solution.
Dans le collectif, tertiaire et l’industrie, l’objectif sera de prolonger pour au moins 3 ans l’appel à projets du Fonds chaleur pour les grandes surfaces solaires thermiques, dont les critères d’évaluation des projets ont été revus en 2019, et de permettre des aides du Fonds chaleur à la réhabilitation d’installations défaillantes : audit de dimensionnement, instrumentation des performances, montée en compétences, subvention sous condition (par exemple si aucun soutien déjà accordé sur l’installation ou si un CPE est envisagé).
Le syndicat des professionnels de l’énergie solaire Enerplan a tenu à saluer la publication de la version définitive de la PPE. « La filière solaire est plus que jamais prête à relever le défi. Le chauffage est une opportunité que la filière solaire (thermique et photovoltaïque) souhaite résolument saisir. Energie décentralisée, l’énergie solaire favorisera le développement de l’économie des territoires dans lesquels elle est profondément ancrée », a réagi Daniel Bour, président d’Enerplan.
9,5 millions de foyers chauffés au bois dans 4 ans
La PPE annonce que 9,5 millions de logements - contre 7,5 environ à fin 2019 - seront chauffés au bois avec un appareil efficace dès 2023. Le ministère souhaite donc remplacer à un rythme rapide les appareils indépendants de chauffage au bois (foyers, poêles, inserts) peu performants par des équipements plus performants en termes de rendement et de qualité de l’air (flamme verte, granulés, etc.), organiser une campagne de sensibilisation sur la bonne utilisation du bois domestique.
La PPE envisage également de poursuivre le soutien aux chaufferies dans le collectif et l’industrie via le Fonds chaleur de l'Ademe.
Toujours plus de réseaux de chaleur
Les réseaux de chaleur jouent un rôle essentiel pour le développement des énergies renouvelables et la valorisation des énergies de récupération, car ils permettent de mobiliser massivement la biomasse, la géothermie, le solaire, ou encore la récupération de chaleur fatale issue de l’industrie, les unités de valorisation de déchets. Pour atteindre la fourchette haute pour 2023 soit 24,4 TWh, il faudrait augmenter par 2,8 le rythme de projets selon la PPE. 3,4 millions d’équivalents logements seront alors raccordés à un réseau de chaleur d’ici 2023.
