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Le bois-énergie veut passer à la vitesse supérieure

18 MAI 2021 - L'installateur

Réunie le 18 mai lors de la Journée Bois-Énergie (1), la filière estime que le bois-énergie n’a pas encore pris toute sa place dans la transition énergétique.

Flamme

Organisée en format numérique le 18 mai, la deuxième édition de la Journée Bois-Énergie a révélé une situation contrastée. La filière collective et industrielle est en pleine stagnation à cause du faible prix des énergies fossiles. A l’inverse, le marché des chaudières d’une puissance inférieure à 1 MW est en croissance : «Les décisions gouvernementales sur la sortie du fioul et sur la diminution du gaz dans le neuf ont provoqué un boom. Les bureaux d’études s’intéressent de plus en plus à la plaquette et au granulé. En petite puissance, le granulé a pris la place du fioul, du propane, et même du gaz, avec plus de difficultés», déclare Eric Vial, directeur de l’association Propellet France. «La situation est très favorable, confirme Eric Trendel, président du Syndicat français des chaudiéristes biomasse (SFCB). Sauf pour la chaudière bois bûche, qui continue sa descente. Je crains que ce marché devienne tellement petit qu’il n’y ait plus de recherche et développement

Le marché résidentiel connaît cependant une difficulté qui n’existe pas ou peu en filière collective et industrielle : la pollution de l’air par les particules fines. Entre 6,5 et 7 millions de foyers sont équipés d’un appareil de chauffage au bois, dont la moitié date d’avant 2005, rappelle Jean-Louis Bal, président du syndicat des énergies renouvelables (SER). Il pointe aussi l’effet néfaste des cheminées ouvertes, une source majeure de pollution. «Un plan d’action visant à diminuer drastiquement les émissions de particules fines est en train d’être discuté. Ce plan devrait s’appuyer sur des outils existants, comme Ma Prime Rénov’ et le Fonds Air Bois. En vallée de l'Arve, le Fonds Air Bois a permis de remplacer des appareils anciens par des appareils neufs et de diminuer d’environ 30 % les émissions de particules», déclare Jean-Louis Bal. Le président du SER considère aussi qu’il faut revenir sur le sujet de la taxe carbone : sa hausse programmée a en effet été annulée et le prix du combustible fossile ne va plus augmenter. «C’est un sujet majeur, estime-t-il. Aujourd’hui, l’Ademe est obligée de compenser le manque de compétitivité de la biomasse par des aides accrues. C’est un peu un gaspillage de ressources publiques.» Jean-Louis Bal estime enfin qu’il faudrait abaisser la TVA à 5,5 % sur le bois de qualité, et que l’Etat devrait communiquer sur les bonnes pratiques et les aides disponibles. Pour sa part, Eric Vial attend de l’Etat qu’il développe des formations à tous les niveaux : «Toute la filière du bois-énergie cherche massivement à recruter et il est très difficile de le faire, notamment au niveau des installateurs. Nous avons besoin de travailler sur ce sujet avec les pouvoirs publics».

Enfin, la filière rappelle l’importance de l’enjeu : la neutralité carbone ne sera pas atteinte en 2050 sans une croissance forte du bois-énergie. Les objectifs nationaux prévoient un doublement de la production de chaleur d’ici 2028 pour le bois-énergie collectif et industriel. Et la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) fixe à plus de 10 millions en 2028 le nombre de ménages chauffés au bois. En France, la chaleur représente 46 % des besoins en énergie, et elle est encore dépendante à près de 80 % des énergies fossiles.

(1) La Journée Bois-Energie a été organisée par le Comité interprofessionnel du bois-énergie (CIBE),  AMORCE, la FEDENE, la FNCCR, Propellet France, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et le Syndicat français des chaudiéristes biomasse.

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