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Le biofioul entrevoit le bout du tunnel

15 SEPTEMBRE 2022 - L'Installateur

Après une attente qui aura duré tout l’été, l’arrivée sur le marché du biofioul F30 est imminente. Ce n’est plus qu’une question de jours, a indiqué ce jeudi Eric Layly, président de la FF3C. L’arrêté autorisant sa commercialisation sur le territoire vient d’être signé par la ministre de l’Energie. Il ne reste plus qu’à attendre sa publication au journal officiel.

BF30

C’est l’aboutissement d’une démarche entamée il y a plus de 5 ans par la filière pour «verdir» le fioul domestique, en l’occurrence en le mélangeant à de l’ester méthylique de colza. Faut-il le rappeler, la vente et l’installation de chaudières neuves fonctionnant au fioul domestique «classique» est interdite depuis le 1er juillet. Seules les chaudières compatibles biofioul F30 peuvent désormais être commercialisées. Sauf que… la publication de l’arrêté autorisant la mise sur le marché de ce biocombutible a été plus longue que prévu. Les distributeurs sont dans les starting blocks. «Nous sommes prêts, avec déjà plus de 300 points de distribution prêts à délivrer. Il y aura du biofioul dans tous les départements, la liste est disponible sur le site biofioul.info», précise Eric Layly, président de la FF3C*. C’est d’ailleurs un des avantages que fait valoir la fédération : le biofioul rentre dans la logistique de distribution existante, sans avoir besoin de changer ni dépôts ni véhicules.

Mix énergétique

Côté fabricants, de nombreuses marques de chaudières et de brûleurs ont lancé leurs modèles «Biofioul Ready» selon l’expression consacrée. Nombre d’entre eux seront exposés sur le salon Interclima qui se tiendra du 3 au 6 octobre à Paris. «On a des chaudières et des brûleurs BF30 et des installateurs formés et informés. De ce côté-là, ça fonctionne», constate Jean-Paul Ouin, délégué général Uniclima, le syndicat des fabricants de matériels. «J’ai plus de doutes quand on essaye de convaincre les pouvoirs publics qu’il est indispensable d’avoir un vrai mix énergétique, et qu’on ne pourra pas se contenter d’une seule énergie». Eric Layly enfonce le clou : «Dans le contexte énergétique que nous vivons, avec les incertitudes sur l’hiver prochain, aller vers un mix énergétique décarboné incluant les bioliquides de chauffage, nous paraît la solution la plus pertinente». Car avec du colza cultivé en France, le biofioul enclenche non seulement la décarbonation du fioul, mais aussi la réduction de la dépendance aux énergies fossiles importées, fait valoir le président de la FF3C.

Gommer l'écart de prix avec le fioul domestique

Du côté des consommateurs – 3,1 millions de foyers, soit 10 millions de personnes - l’attachement au fioul reste fort : 61 % d’entre eux souhaitent conserver ce mode de chauffage, indique une enquête OpinionWay pour la FF3C. Parmi eux, 81 % seraient prêts à basculer vers le biofioul, dont 51 % en adaptant leur chaudière par un changement de brûleur. Reste à convaincre le consommateur de passer à l’acte, avec un biofioul plus cher de 10 à 20 % qu’un fioul fossile. Un frein évident dans le contexte actuel, même si le changement de générateur apporte d’emblée une économie sur la consommation. «Il ne faut pas que le biofioul soit dissuasif en termes de prix par rapport au fioul domestique», plaide Frédéric Plan, délégué général de la FF3C qui milite pour un coup de pouce fiscal sur la part bio du BF30 afin de gommer l’écart de prix. La question sera soumise aux parlementaires dans le cadre de la préparation de la prochaine loi de finances.

«Le biofioul, c’est un moyen de permettre aux utilisateurs d’être dans le mouvement de la transition énergétique, de ne pas être des parias de la société parce qu’ils se chauffent au fioul, en continuant à utiliser leur chauffage à eau chaude avec une énergie stockable», fait valoir Eric Layly. Et de préciser que le BF30 n’est qu’une première étape dans la décarbonation du fioul domestique. Un biocombustible intégrant 55 % de d’éthyl méthylique de colza est à l’essai avec l’espoir d’une mise sur le marché en 2028, en attendant un fioul F100 complètement décarboné en 2035.

* Fédération française des combustibles, carburants et chauffage

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