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La filière gaz dresse son scénario à horizon 2050

17 FÉVRIER 2022 - L'installateur

L’association Coénove évalue à 420 TWh les gisements de gaz renouvelables à horizon 2050. Et considère que l’atteinte de la neutralité carbone dans le bâtiment en 2050 est tout à fait accessible, à 3 conditions.

Aulagne

Pour l’association Coénove, qui regroupe les professionnels de la filière gaz, la décarbonation des bâtiments ne doit pas être synonyme d’électrification. «Réduire la politique énergétique de la France au seul enjeu du mix électrique va nous conduire tôt ou tard inévitablement dans une impasse. Un des enjeux des années qui viennent sera la capacité de stockabilité des différentes énergies pour faire face aux pics», déclare Bernard Aulagne, président de l'association Coénove. L’électricité ne suffit pas lors des pointes de puissance hivernaux, indique-t-il. Ainsi, la pointe de puissance à 8h00 du matin sur la période du 1er avril 2017 au 31 mars 2018 a été couverte à 33 % par l’électricité et 37 % par le gaz.

Le président de l’association Coénove assure par ailleurs que l’on disposera de suffisamment de gaz renouvelables : les gisements à horizon 2050 sont évalués à 420 TWh. Or les opérateurs gaziers visent un objectif de 320 TWh pour toutes les consommations de gaz (bâtiment, mobilité, et industrie). Pour Coénove, la neutralité carbone dans le bâtiment en 2050 est tout à fait accessible si les 3 facteurs suivants sont atteints :

  1. Les consommations gaz seront réduites de 60 % par rapport à la consommation actuelle de 243 TWh.
  2.  Les consommations du bâtiment (100 TWh dont 85 TWH dans le secteur du résidentiel) proviendront uniquement de gaz renouvelables.
  3. La pompe à chaleur hybride se développe fortement.

11,7 millions de logements chauffés au gaz en 2050

Dans le scénario 2050 présenté par l’association, le nombre de logements chauffés au gaz reste identique à ce qu’il est aujourd’hui : 11,7 millions. Plus précisément, 6,5 millions de foyers seraient équipés d’une chaudière THPE, 4 millions d’une Pac hybride et 1,2 million d’une Pac gaz. L’objectif serait donc de remplacer à la fois le parc de chaudières fioul et le parc de chaudières gaz standard (qui constitue 60 % du parc total de chaudières gaz).«Vu l’augmentation du parc d’ici 2050, la part de marché gaz dans le stock va passer de 33 à 28 %. On accepte dans notre scénario le développement plutôt majeur de l’électricité, mais avec une part non négligeable de gaz renouvelables», commente Bernard Aulagne.

Les gaz renouvelables comprennent la méthanisation, la pyrogazéification, la gazéification hydrothermale et l’hydrogène. C’est la méthanisation qui constitue la technologie la plus opérationnelle : au 31 décembre dernier, 365 sites injectaient du gaz dans le réseau, pour une capacité installée de 6 TWh. Plus de 111 projets sont déjà engagés et fourniront à horizon 2023 une production potentielle de 25 TWh. L'association France Gaz Renouvelables prévoit 52 TWh en 2028 et 70 TWh en 2030. Pour Bernard Aulagne, la méthanisation offre des avantages trop peu pris en considération : la valorisation des déchets organiques, la création d’un digestat qui se substitue aux engrais chimiques et, pour la filière agricole, un revenu complémentaire. En outre, souligne-t-il, le contenu carbone du biométhane est de 23,4 g/kWh, soit 10 fois moins que celui du gaz naturel. Et son prix pourrait atteindre 60 à 65 €/MWh à horizon 2028.

Parmi les nombreuses propositions de l’association pour le prochain quinquennat, on retiendra :

- Reconnaître dans les réglementations des bâtiments le rôle des gaz renouvelables dans l’atteinte des objectifs de décarbonation.

- Confirmer les potentiels de ressources des différents gaz renouvelables.

- Viser l’affectation de 100 TWh à la décarbonation du bâtiment (cible 2050).

- Veiller à ce que l’ensemble des textes réglementaires continue à favoriser le mix énergétique diversifié.

- Inclure dans les scénarios de mix énergétique les conditions de faisabilité et d’investissement nécessaires pour y arriver, que ce soit en termes de production, de transport, de stockage ou de flexibilité. L’objectif étant d’avoir une vision complète et comparative des différents coûts pour éclairer les décisions.

- Favoriser le développement des gaz renouvelables qui créent de la valeur dans les territoires et contribuent à la souveraineté énergétique du pays.

Pour Bernard Aulagne, la RE 2020 est «incompréhensible dans sa non reconnaissance du biométhane». Concernant la rénovation, principal enjeu de la décarbonation du bâtiment, il juge inquiétant le fait que moins de 1 % des dossiers financés par MaPrimeRénov concerne des rénovations performantes et globales. Et propose de pouvoir réaliser des rénovations globales en 3 étapes. Enfin, l’association attend la sortie du décret concernant les Certificats de Production de Biogaz.

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