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L'Europe en ordre de marche pour contrer le trafic de HFC

26 MARS 2020 - CFP

Mélanie Jourdain, responsable EMEA Fluorochemicals Business Unit du groupe de chimie français Arkema et porte-parole du Comité technique européen sur le fluorocarbone (EFCTC), revient pour CFP sur le marché noir des gaz illégaux qui sévit en Europe.

melanie jourdain

CFP : Quel est le rôle de l’EFCTC ?

MJ : Le Comité technique européen sur le fluorocarbone (EFCTC) fait partie du Conseil européen de l’industrie chimique (Cefic) et est représenté par les sociétés Chemours, Daikin Chemical, Honeywell, Koura ou encore Arkema. Nous avons pour objectif d’accompagner les industriels vers l’utilisation de fluides meilleurs pour l’environnement – avec un plus faible GWP –, que ce soit des HFC (hydrofluorocarbones) ou des HFO (hydrofluoroléfines).

CFP : Une importation illégale de fluides HFC ne cesse de prendre de l'ampleur en Europe. Quel est le bilan de ce trafic ?

MJ : Le règlement relatif aux gaz à effet de serre fluorés impose à l’industrie une diminution progressive de la consommation de HFC au travers d’un système de quotas stricts. L’Europe a donc aujourd’hui fort à faire avec le trafic illicite des fluides et notamment HFC, en partie dû à l’augmentation de leur prix dans le cadre de la mise en place de ces quotas sur les marchés de la réfrigération et de la climatisation. L’Environnemental Investigation Agency (EIA) a mené une étude et a évalué à plus de 16 millions de tonnes d’équivalent CO2 de HFC illégalement mis sur le marché en 2019, ce qui représente plus de 16 % du quota européen autorisé. L’EFCTC a démarré des travaux avec une entreprise tierce indépendante afin de cartographier les imports illégaux pour les quantifier. Nous communiquerons sur ces résultats dans les prochaines semaines.

CFP : Comment contrer ce trafic ?

MJ : Nous savons que ce trafic arrive en provenance principalement de Chine, et passe par des portes d’entrée de l’Europe avant d’arriver en France comme la Russie ou l’Ukraine. En raison de l’absence de contrôles aux frontières de l'Union Européenne, les Européens sont susceptibles de compromettre involontairement les initiatives de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et cela pose des problèmes de sécurité sur le marché c’est pourquoi on demande un engagement des parties prenantes pour stopper ces apports. Nous collaborons avec les autorités pour leur mettre à disposition les données collectées sur le marché. L’EFCTC met également à disposition des formations pour douaniers afin de renforcer les contrôles aux frontières de l’UE. Nous avons notamment instauré un site Internet intitulé Action Line, qui vise à dénoncer anonymement l’utilisation et le commerce de produits illégaux contenant des gaz fluorés. Nous avons déjà reçu 228 rapports signalant des activités illégales, dont 12 en France.

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