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Jean-Pierre Eusebi : «On ne peut pas tout arrêter !»

27 MARS 2020 - L'Installateur

Continuer de travailler ou non dans ce contexte de crise sanitaire ? Un sacré dilemme… Dans le brouhaha qui oppose les pour et les contre, Jean-Pierre Eusebi, artisan chauffagiste à Eguisheim près de Colmar fait entendre sa voix.

JP Eusebi, Genioos

Pour ce spécialiste du chauffage à granulés, la réponse ne fait aucun doute : oui. Conscient que le risque zéro n'existe pas et au regard des éléments d'information actuels sur les mesures barrières à prendre, Jean-Pierre Eusebi estime qu'il n'y a pas plus de risques, voire moins, à réaliser une installation, seul dans une chaufferie, qu'à faire un dépannage chez un client. «Il n’est pas question d’envoyer qui que ce soit à la mort, mais si toutes les précautions sont prises pour ne pas faire courir de risque ni aux salariés ni aux clients, il n’y a pas de raison de s’arrêter. Dans l’exercice «normal» de notre activité, nous sommes déjà censés utiliser des gants, des lunettes de protection et des masques, notamment lorsque l’on fait un entretien de chaudière. Il suffit d’appliquer les consignes en étant plus rigoureux avec soi-même et avec les autres que de coutume.»

Côté matériels, ça fonctionne tant bien que mal. «Avant que les mesures de confinement ne soient mises en place, nous avions anticipé en recomplétant notre stock de matriel hydraulique, tubes, raccords... Des fournisseurs ont amplifié ou mis en place un service "drive" : je passe ma commande par mail, elle est préparée, et je vais la récupérer. La seule chose qui change, je ne signe pas le bon de livraison, pour qu’il y ait zéro contact."

 

Faire fonctionner l'économie tant bien que mal à bas régime 

Jean-Pierre Eusebi est à la tête d'une des innombrables petites entreprises qui composent le paysage du génie climatique en France : Genioos. Engagé de longue date dans la transition énergétique, il est seul à la "production" tandis que sa compagne, Betty, assure la gestion et la partie administrative. Pour participer à "l'effort collectif" nécessité par la situation, Betty a décidé d'utiliser le temps rendu libre par la baisse d'activité en confectionnant des blouses pour les infirmières qui en manquent actuellement.

"S'il est possible, avec un maximum de sécurité, de contribuer à faire fonctionner l'économie à bas régime, alors nous sommes acteurs et solidaires. En tant que chef d’entreprise nous avons des responsabilités et c’est important de les assumer, sans faire courir de risque à personne. Chaque jour dans la vie d'une entreprise, le dirigeant doit s'adapter, faire face. Là, ce n'est pas le marché, la conjoncture, mais un virus ! Il y aura un après, c'est certain. Il faudra bien redémarrer, passer la 1ère, la 2ème et progressivement tenter de retrouver la vitesse de croisière."

 

Du côté de la filière granulés de bois, une chose est certaine, la crise sanitaire fait vaciller l’alignement des planètes sans précédent dont bénéficiait cette année le chauffage aux granulés, grâce en partie aux aides exceptionnelles mises en place en sa faveur. Les cartes sont rebattues, des incertitudes et de l’attentisme sont sûrement à prévoir. «Dommage, on n’avait jamais connu une conjoncture aussi favorable d’une telle ampleur. Mais on ne peut pas tout arrêter. Il ne faut pas qu'il y ait de rupture dans les livraisons de chaudières, nos clients nous attendent et sont d'accord pour nous laisser rentrer chez eux», lance-t-il en guise de cri d'alarme.

Réagissez, vous aussi faites-nous part de votre opinion, ou tout simplement de votre humeur ou de vos initiatives en cette période compliquée. Vous avez la parole ! 

 

 

 

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