Laurent Sireix, dirigeant du prestataire de services énergétiques Ista, revient sur la période de confinement et les prochaines échéances pour mener à bien l’individualisation des frais de chauffage dans les logements collectifs.
Pendant la période de confinement, la société de comptage individuel d’eau et de chauffage Ista a modifié ses plans pour assurer une continuité de ses services. Dès le 16 mars et l’annonce d’Emmanuel Macron d’un début de phase de confinement, les équipes administratives, téléphoniques, commerciales, management, et de direction ont été placées en télétravail tout en restant opérationnelles. « Les équipes supports n’ont cessé de poursuivre et de mener à bien leur mission de collecte et de transmission des données de consommations aux gestionnaires d’immeubles grâce à la télérelève », explique Laurent Sireix, dirigeant d’Ista.
« Nos équipes administratives ainsi que nos 400 techniciens sont équipés pour tout gérer à distance. Les syndics et bailleurs sociaux ont pu ainsi recevoir les répartitions des charges de leurs immeubles, dès lors que ceux-ci sont équipés de compteurs relevables à distance (radio relevé ou téléreleve) ou lorsque le résident relève sa consommation lui-même et l’indique sur sa porte. Nous avons suspendu seulement les interventions non urgentes dans les logements – installation de répartiteurs et compteurs de frais de chauffage – car nous n’autorisions pas nos techniciens à pénétrer dans les logements des particuliers. Seules les interventions urgentes (fuites d’eau, problème sanitaire) ont été conservées tout en observant les gestes barrières durant le confinement ».
Depuis le 11 mai, toutes les interventions ont repris et les techniciens ont été formés pendant une demi-journée sur les préconisations à prendre, basées sur les recommandations émises par le syndicat professionnel (syndicat de la Mesure). Un kit EPI leur a été également fourni. Ils sont tous équipés en particulierde masques, de gels hydroalcooliques et de produits désinfectants. Ils sont également équipés d’un triangle de signalisation pour limiter leur zone d’intervention en gaine palière, de gants jetables et sacs poubelle.
En agence, une partie des salariés sédentaires – administration notamment – étaient présents sur le lieu de travail pendant cette période de confinement pour gérer le courrier et les stocks. A ce jour, 25 % du personnel est revenu sur site, dans les 45 agences et antennes que compte le groupe Ista dans l’Hexagone, les autres sont en télétravail. Laurent Sireix souhaite maximiser le télétravail jusqu’à fin septembre, même si chaque agence a été adaptée aux mesures sanitaires du gouvernement. Laurent Sireix prévoit un retour à la normale de l’activité d’ici la fin de l’été et prédit un redémarrage de la pose d’appareils d’individualisation progressif.
15 à 25 % d’économies
Décriée et parfois décrite comme « mesure injuste » par certaines associations, l’individualisation des frais de chauffage est aujourd’hui reconnue et son intérêt a été validé par une étude réalisée par l’Ademe. Cette étude réalisée sur plus de 4 000 logements et 132 immeubles publiée en juin 2019 concluait que les évolutions de consommations d’énergie avant et après la pose de répartiteurs/compteurs se situaient en moyenne autour de 15 %. Certains logements enregistrent même jusqu’à 25 % d’économie sur les coûts de chauffage. Un arrêté publié au JO du 6 septembre 2019 précise également le fait que l’individualisation est une obligation légale. Le texte en question ordonne que tout immeuble équipé d'un chauffage collectif dont la consommation de chauffage est comprise entre 80 et 120 kWh/m².an doit comporter une installation permettant de déterminer la consommation de chaque logement avant le 25 octobre 2020. En théorie, la totalité des logements dont la consommation est au-dessus de 120 kWh devraient être équipés d’appareils même si ce n’est pas le cas. « A mi-mai, 85 % des logements du parc sont susceptibles d’être équipés de répartiteurs ou compteurs de frais de chauffage puisque leur consommation en chauffage excède 80 kWh/m².an. Seul un tiers des logements le sont aujourd’hui », conclut Laurent Sireix. L’objectif d’équiper 100 % des logements à fin 2020 sera compliqué à réaliser mais l’individualisation a de beaux jours devant elle.
