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GRDF : dynamiser le gaz vert et le maintenir dans le neuf

25 MARS 2021 - CFP

La crise sanitaire n’a eu que peu d’impact sur les résultats financiers de GRDF, selon Frédéric Martin, son directeur délégué général, avec une baisse de chiffre d’affaires de 5 %. La volonté de dynamiser l’essor du biogaz se poursuit avec, à mi-mars 2021, 226 sites injectant du gaz vert dans les réseaux gaziers. Pour GRDF, la mise en place de nouveaux mécanismes de financement est une nécessité pour soutenir le développer de la filière biogaz et notamment le maintien d’une part de biogaz dans les logements neufs.

biogaz

« Malgré la crise et les confinement, nos équipes ont pu faire face à l’ensemble de leurs missions de service public dans les conditions de sécurité optimale, assure Frédéric Martin. Nos 11 millions* de clients n’ont pas eu à souffrir de perturbations. » La légère baisse de chiffre d’affaires de 5,1 % (3 308 M€ en 2020 contre 3 486 M€ en 2019) est liée d’une part à des températures supérieures à celles de 2019 et, d’autre part, au recul de l’activité économique du fait de la crise sanitaire. La hausse du résultat net – passant de 306 M€ en 2019 à 665 M€ en 2020 – est quant à elle liée à une reprise de provisions du faut d’un changement de modalités d’amortissement de certains ouvrages et équipements. En termes d’investissements, sur les 917 M€ investis par le gazier en 2020, on note que 182 M€ l’ont été dans les compteurs communicants, accusant une baisse significative de 21,2 % liée à l’impact du premier confinement. Côté carburant, au 1er décembre 2020, 24 233 véhicules (+ 18 % en un an) roulent au GNV ou au bioGNV. Près de 20 % des véhicules qui roulent au gaz en France utilisent du bioGNV.


354 sites d’injection de biométhane fin 2021

Frédéric Martin a salué l’essor de la filière gaz vert, qui continue son développement : « Le dynamisme du gaz vert, ses bénéfices et son potentiel sont une évidence qui ne doit pas être remise en question par des choix politiques nationaux non cohérents avec ceux des territoires. A mi-mars 2021, 226 sites injectent du gaz vert dans les réseaux gazier. La capacité d’injection a encore cette année quasiment doublé pour atteindre 4 TWh/an de capacité, soit l’équivalent de la consommation d’1 million de logements neufs chauffés au gaz. » On compte ainsi plus de 1 100 projets (dont plus de 80 % ont une capacité de production inférieure à 30 GWh/an) et plus de 26,5 TWh/an de capacité maximale d’injection réservée. Alors que le nombre de sites de méthanisation raccordés aux réseaux gaziers a été multiplié par 5 en trois ans, GRDF table sur une prévision 2021 à 354 sites d’injection de biométhane sur le territoire français. La filière gaz vert, qui compte 7 300 emplois fin 2020 (contre 4 800 fin 2019) devrait en pourvoir jusqu’à 53 000 en 2030.

 

RE 2020 : laisser le choix du biogaz dans le neuf

« D’ici trois ans, de nombreux départements dépasseront 10 % de gaz vert injecté dans les réseaux gaziers, estime Frédéric Martin. Les 190 zonages, déjà actés par la CRE, définissent les besoins de renforcements des réseaux et permettent de sécuriser dès à présent 70 TWh/an de potentiel d’injection de gaz vert produit par méthanisation. Ceci traduit un engagement fort du régulateur pour soutenir la filière. » En outre, GRDF investit en recherche et développement sur différents procédés de production et d’injection de nouveaux gaz (hydrogène, power-to-gas, pyrogazéification). « Le réseau exploité par GRDF s’adapte et se transforme pour accueillir des volumes de gaz verts croissants à un coût maîtrisé », a indiqué Frédéric Martin, avant de rappeler le cadre réglementaire en train de se mettre en place avec la future RE 2020 et ses échéances. Il n’a toutefois pas tenu à s’attarder sur le sujet : « Nous allons nous y adapter… Nous avons seulement un point d’attention sur lequel on échange régulièrement avec les services de l’Etat : nous souhaitons que cette nouvelle réglementation permette l’accès et le choix des clients d’utiliser du gaz vert dans les bâtiments neufs. Le potentiel est là, cela se met en place dans les territoires et il n’y a aucune raison d’exclure le gaz vert des offres de construction ».
 

Deux projets de leviers de financement

Frédéric Martin a ainsi exprimé son attente d’un « signal clair du gouvernement sur la capacité au-delà de 2024-25 de poursuivre la dynamique du biogaz » car, pour le moment, « l’ouverture qui a été faite d'une possibilité d'utiliser le gaz vert dans le logement neuf n'a pas encore été validée », ajoutant : « mais je pense que c'est quelque chose qui évoluera ».
Dans ce cadre, et afin de soutenir l’essor de la filière gaz vert en dépit de la volonté du gouvernement d’écarter le gaz des constructions neuves et la réduction des soutiens financiers de l’Etat, deux dispositifs sont à l’étude avec les pouvoirs publics. D’une part, le projet Méthaneuf, qui autoriserait la construction de logements chauffés au gaz fossile en contrepartie de l’achat de certificats d’origine de biométhane et, d’autre part, les certificats verts. Ce dispositif consiste à imposer aux fournisseurs de gaz une obligation de production de certificats verts (1 certificat vert = 1 MWh de biométhane injecté dans le réseau) proportionnelle aux volumes livrés aux consommateurs finaux, avec un quota imposé sur une base annuelle et revisité chaque année.
Autre levier de développement du gaz vert, la recherche sur les nouveaux gaz porte notamment sur trois voies pour valoriser l’hydrogène : le mélange H2/gaz naturel ; la méthanation ; les réseaux H2 dédiés.

 

*Un chiffre en baisse par rapport à 2019 avec l’équivalent de 3 000 clients en moins pour le gazier, qu’il explique par l'arrêt d'un certain nombre de chantiers dans l'immobilier pendant le premier confinement.

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