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Confronté à une chute historique, l’artisanat du bâtiment émet des pistes pour rebondir

16 JUILLET 2020 - L'Installateur

L’activité de l’artisanat du bâtiment a plongé de 24 % au second trimestre. Un plus bas historique, du jamais vu depuis que les statistiques sont tenues. Si les artisans peuvent se consoler ...

Jean-Christophe Repon, président de la Capeb

Si les artisans peuvent se consoler d’avoir globalement mieux traversé la crise que d’autres secteurs, la chute reste brutale et les mois à venir pleins d’incertitudes. Pour sa première conférence de presse depuis sa prise de fonction à la présidence de la Capeb, Jean-Christophe Repon a voulu souligner le sens des responsabilités des artisans qui, après une première période d’arrêt et de mise en sécurité, ont «tenu leur rang» auprès de leurs clients. «Ils se sont adaptés, ont été réactifs, il faut s’en féliciter», a-t-il déclaré, admettant toutefois des disparités entre l’artisan des villes et l’artisan des champs, l’un et l’autre n’ayant pas tout à fait vécu la crise de la même façon…

L’onde de choc du covid continue de se faire ressentir. A fin juin, l’outil de production tournait à 85 % de sa capacité, constate la Capeb, qui s’attendait à un retour plus rapide à la normale. Etonnamment, la baisse a été plus forte en rénovation (-25 %) que dans le neuf (-21 %). La crainte d’une partie des clients de laisser entrer quelqu’un chez eux vraisemblablement. Les carnets de commandes restent cependant plutôt garnis, à 65 jours en moyenne début juillet, contre 75 début janvier. Mais l’optimisme n’y est pas. Seulement 1 % des entreprises pensent investir dans les 6 prochains mois, tandis que l’emploi décroche, avec des prévisions d’embauche au plus bas. Une première après quatre années de dynamique continue.

 

Vigilance pour les mois à venir

Du coup, la vigilance est de mise pour les mois à venir. Pour l’année 2020, la confédération émet deux hypothèses, l’une «optimiste», avec une baisse d’activité comprise entre -15 et -17 %, et l’autre plus pessimiste, qui verrait l’activité reculer de -17 à -20 %, entraînant dans son sillage la perte de 25 000 à 30 000 emplois. Pour 2021, l’hypothèse optimiste table sur une croissance de + 8 à + 12 % tandis que le scénario pessimiste entrevoit une progression d’activité plus faible, de + 2 à + 5 %. Dans un cas comme dans l’autre, on resterait en deçà du niveau d’avant crise. Jean-Christophe Repon reconnaît la difficulté de tracer des perspectives tant les facteurs d’incertitude seront nombreux à la rentrée : crainte d’une baisse de revenus pour certains, peur du chômage, ou encore arrivée d’une deuxième vague d’épidémie. «Nous avons pour l’instant fait face tout en conservant nos compétences en interne. Mais il n’en faudrait pas beaucoup pour que ça flanche», alerte-t-il.

 

De la visibilité dans les aides

Sur les annonces gouvernementales en faveur de la rénovation énergétique du bâtiment, le président de la Capeb se félicite que cette cause soit érigée en priorité nationale. Il se montre toutefois critique sur l’utilisation des moyens mis sur la table. «Beaucoup d’argent a déjà été injecté, mais les résultats ne sont pas à la hauteur, la croissance sur ces marchés devrait être beaucoup plus forte. Il faut utiliser cet argent à meilleur escient», résume-t-il, pointant notamment la complexité des dispositifs, leur manque de visibilité ou encore la lenteur dans l’instruction des dossiers, menant parfois au découragement du côté des professionnels comme des clients. «Ce qui nous importe avant tout, c’est qu’il y ait de l’activité», poursuit-il, déclarant préférer un monde sans aides mais avec du travail. «Si les aides favorisent l’activité, tant mieux, mais pour le moment, nous ne sommes pas satisfaits de leur effet levier.» La Capeb, qui rencontrera prochainement la nouvelle ministre du logement Emmanuelle Wargon, exposera ses pistes de réflexion pour booster l’activité, parmi lesquelles la création d’un guichet unique de conseil pour aider le particulier à se repérer dans le maquis des aides. Elle plaidera également pour un retour des ménages les plus aisés – les fameux 9ème et 10ème déciles – dans le dispositif des aides à la rénovation, et enfin pour une application du taux réduit de TVA à l’ensemble de travaux de rénovation, seul moyen, estime-t-elle, pour donner un véritable élan aux rénovations de grande ampleur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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