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Complexité des dispositifs d’aides aux travaux, délais de paiement qui s’allongent : le coup de gueule de la Capeb

19 JANVIER 2023 - L'Installateur

Alors que la croissance de l'activité ralentit et que les artisans affrontent hausse des prix, difficultés d’approvisionnement et crise énergétique, le président de la Capeb s’agace que la simplification des dispositifs CEE et MaPrimeRénov’ tarde à voir le jour, tandis que les délais de paiement s’allongent.

Complexité des dispositifs d’aides aux travaux, délais de paiement qui s’allongent : le coup de gueule de la Capeb

Après une année en croissance (+2,4 %), mais éprouvante en raison du contexte économique, les artisans du bâtiment cèdent à la morosité, voire à l’inquiétude en ce début d’année. Lors de ses vœux début janvier, Jean-Christophe Repon pointait les tracasseries et autres «calendriers irréalistes et injonctions contradictoires de réglementations» auxquelles les artisans sont soumis, s’ajoutant bien sûr au contexte d’inflation, de difficultés d’approvisionnement et de crise énergétique. En vrac : les ZFE (zones à faible émission), la REP (Responsabilité élargie du producteur de déchets), ou encore l’absence de soutien du secteur bancaire dans le financement de la transition énergétique. Il dénonçait également la complexité des dispositifs d’aide aux travaux, «qui finit par dissuader les ménages de réaliser des travaux et les entreprises de devenir RGE» ainsi que les délais de traitement et de paiement des dossiers MaPrimeRénov’, qui mettent en difficulté nombre d'entreprises. A l’occasion d’une conférence de presse mercredi 18 janvier, il est revenu à la charge sur le sujet, s’impatientant d’une promesse de simplification qui tarde à venir. «Un rapport sur la simplification des dispositifs a été validé en janvier 2021 par la ministre Emmanuelle Wargon. Il ne s’est toujours rien passé, et dans le même temps les délais de paiement de MaPrimeRénov’ augmentent. D’où la grogne des entreprises».

«Cesser de tergiverser»

Pour le président de la Capeb, la complexité des dispositifs dissuade les entreprises de devenir RGE et risque de gripper le marché de la rénovation énergétique. «On se retrouve avec 63 000 entreprises RGE alors que l’on a en France 550 000 entreprises prêtes à relever le défi de la rénovation énergétique. Le nombre de RGE diminue tandis que celui des éco-délinquants augmente !» Un paradoxe qu’il dénonce : «Le RGE n’est pas satisfaisant !».  

Une autre déconvenue concerne le dispositif d’accompagnement des professionnels dans le cadre du programme Oscar, censé aider les artisans à mieux maîtriser et utiliser les aides à la rénovation, qui lui aussi tarde à se déployer. «Les délais sont inconcevables avec les ambitions que la France a sur la rénovation énergétique». Et de prévenir : «L’inquiétude et la grogne montent dans les entreprises. Il faut cesser de tergiverser et passer à l’action. A défaut, il sera très difficile de relever les défis de la transition énergétique».

En 2023, la Capeb poursuivra plusieurs autres combats : rallier de nouveaux fournisseurs au mouvement de solidarité engagé sur les prix, faciliter la mise en oeuvre des groupements momentanés d'entreprises pour permettre un meilleur accès des artisans aux travaux de plus grande ampleur - à ce sujet une proposition de loi sera présentée au ministère de l'écologie - et, vieux combat, continuer de militer pour une généralisation de la TVA à 5,5 % sur les travaux de rénovation. 

 

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Quelques chiffres

Activité

Alors que l’année avait commencé avec une activité en croissance de +3,5 %, celle-ci a ralenti au fil des mois, pour terminer à +1 % fin 2022, soit une moyenne annuelle de + 2,4 % (+ 1,9 % dans le neuf, + 2,5 % en rénovation). Ce ralentissement va se poursuivre en 2023 estime la Capeb, qui pronostique une activité comprise entre -0,5 % et +0,5 % cette année.

Inflation

Alors qu’ils n’étaient que 45 % à répercuter les hausses de prix dans leurs devis au 4ème trimestre 2021, la presque totalité des artisans du bâtiment (92 %) les appliquait au 4ème trimestre 2022. La part de hausse répercutée est estimée à 68 % de son montant.

Carnets de commandes

Au 4ème trimestre 2022, les carnets de commandes s’élevaient à 96 jours. Un niveau qui reste élevé, mais toutefois sur une légère pente descendante.

Recrutements

Les difficultés persistent. 26 % des entreprises ont déclaré chercher à embaucher en 2022, et seulement la moitié y sont parvenues. Les intentions d'embauche sont à la baisse pour 2023, 13 % des entreprises interrogées déclarent vouloir recruter.

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