Plus que toute autre énergie renouvelable, le solaire photovoltaïque en autoconsommation connaît un véritable engouement. Pour André Joffre, président de Qualit’ENR la machine est lancée et rien ne pourra l’arrêter.
C’est du jamais vu. Sur douze mois glissants (juin 2022 à 2023), le marché de l’autoconsommation individuelle a progressé de + 77 %. Et le phénomène s’accélère encore en 2023. Au premier trimestre de cette année, il s’est déjà réalisé autant d’installations que durant toute l’année dernière. « Le marché explose, on est en train de vivre une vraie rupture », constate non sans plaisir André Joffre, président de Qualit’ENR. La motivation des clients est claire : faire baisser la facture d’énergie, après les hausses successives ces derniers mois, et en prévision des futures… Ce qui explique pourquoi l’usage du solaire en autoconsommation prime sur la revente au réseau. Revers de la médaille, les installateurs labellisés QualiPV sont tous débordés. Et en toute logique, les demandes de qualifications pour le photovoltaïque grimpent en flèche. « Or, nos centres de formation sont pleins jusqu’à la fin de l’année, et même au-delà », indique André Joffre. Qualit’ENR songe à multiplier l’offre de formations, mais ce n’est pas si simple, car il faut aussi trouver des formateurs. Le décalage qui se crée entre la demande qui s’emballe et le nombre de personnes en mesure réaliser les travaux n’est pas sans inquiéter : « Il faut que l’on soit au rendez-vous, c’est vital, au risque de laisser la porte ouverte aux éco-délinquants, poursuit André Joffre. Parce que l’on sait très bien que c’est dans ce genre de situation que les éco-délinquants en profitent ».
Prix des panneaux en baisse
Le développement du solaire photovoltaïque fait émerger dans son sillage plusieurs tendances, à commencer par la « climatisation solaire », autrement dit le couplage de l’installation photovoltaïque avec la pompe à chaleur. « C’est très net. Des particuliers qui ont un peu mauvaise conscience de climatiser leur habitation font installer des panneaux solaires qui produisent de l’électricité afin de compenser la consommation de la pompe à chaleur. Hors période de chaleur, les panneaux produisent en autoconsommation pour les autres besoins de la maison. C’est une clim qui quelque part devient plus acceptable ». Autre phénomène constaté : la baisse du coût des panneaux solaires. Une baisse conséquente, de l’ordre de 35 % depuis le début de l’année. « On voit très nettement que, dans une installation TTC clé en main, la part du panneau est en train de diminuer fortement ». Pour André Joffre, la baisse va perdurer. « Je suis persuadé qu’il sera un jour moins coûteux de faire un toit solaire qu’un toit avec des tuiles, tout du moins dans le neuf ». Et de prédire un monde couvert de toits solaires, où l’électricité sera abondante et très abordable. « La question sera alors de savoir où se situe la valeur ajoutée : elle sera sur tout ce que l’on peut ajouter à l’électron, la gestion, le stockage, etc. Par exemple, on la stockera très certainement dans les batteries des voitures, qui fonctionneront comme un groupe électrogène. En rentrant, vous brancherez votre voiture sur la maison, qui détectera que votre batterie est pleine. Aux heures de tarif de pointe vous puiserez dans la batterie pour les besoins de la maison, et le soir, en période creuse, vous pourrez recharger la batterie pour qu’elle soit prête le lendemain. Un premier véhicule prévu pour fonctionner de la sorte va bientôt sortir. L’engouement pour le solaire est assez incroyable, d’autant qu’il y a très peu d’aides. Ca montre que l’équation économique a été trouvée. La motivation des clients est véritablement portée par la rentabilité de l’opération ».
André Joffre
