Le président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) Olivier Salleron a fait le point sur les 4 premiers mois de l’année. Il évoque une activité du bâtiment dynamique, qui tient bon avec des carnets de commandes qui se maintiennent, même si les difficultés d’approvisionnement et de recrutement se font sentir. A noter que les primes MaPrimeRénov' accordées bondissent de 19 % en ce début d'année.
Le président de la FFB a tenu à rappeler ce mardi 14 juin que l’activité tenait bon malgré les difficultés d’approvisionnement et de recrutement qui perdurent. « L’activité est dynamique sur le début 2022 par rapport au début d’année 2021. D’ailleurs, les carnets de commandes se maintiennent à un niveau élevé de plus de sept mois à la fin mars. Ils sont cependant de 5 mois pour les artisans mais cela tient ».
« L’emploi continue de progresser dans le secteur avec plus de 8 200 postes créés depuis le 1er janvier 2022 », explique Olivier Salleron. Depuis le premier confinement du printemps 2020, le secteur n’a jamais cessé de créer et affiche 86 600 postes de plus, soit une hausse de près de 7 %, près de deux points de pourcentage de plus que l’ensemble de l’économie. Cela explique pour partie les difficultés de recrutement, toujours particulièrement fortes dans le bâtiment. « On peut mieux faire, les perspectives d’embauches à l’horizon de l’été restent assez bien orientées », ajoute le président.
La crise des matériaux perdure
Olivier Salleron poursuit avec une mauvaise nouvelle et l’envolée des prix des matériaux. La courbe historique ne fléchit pas. « La crise des matériaux n’en est pas à son terme ». Il entre dans le détail avec les données de l’Insee. Entre novembre 2021 – début de la crise de l’énergie – et avril 2022, les prix des aciers pour la construction et des demi-produits en aluminium ont encore progressé de 27 %, ceux des produits PVC de 16 %, ceux des produits céramiques de 12 %, ceux des demi-produits en cuivre des produits verriers ou plastiques de près de 10 %.... « Au premier trimestre 2022, une dégradation de la marge opérationnelle de la construction se lit dans les comptes trimestriels. Ce constat confirme que la solidarité de filière doit impérativement devenir réalité, à la fois par de la tempérance sur les prix des matériaux et par l’insertion systématique de clauses de variations de prix ».
L’amélioration-entretien résiste, grâce à MaPrimeRénov’
Le marché de l’amélioration-entretien, qui représente environ 54 % du CA du bâtiment, accélère un peu en début d’année 2022. L’activité progresse de 1,4 % en volume par rapport au premier trimestre 2021, après + 1,1 % par rapport au trimestre précédent. Toutefois, la suite de l’année devrait encore bénéficier de la dynamique de MaPrimeRénov’, avec 207 000 primes accordées sur les quatre premiers mois de 2022, soit + 19 % sur un an. Le montant des primes augmente de + 60 % (468 M€ au Q1 2021 contre 751 M€ pour le Q1 2022). Le montant des travaux croît lui de 36 %. Olivier Salleron note cepdendant la dégradation du marché des CEE et l’instabilité de l’aide brident l’activité. « Les règles changent d’un mois à l’autre ! », regrette-t-il.
Le logement neuf craque
Fortunes diverses pour le logement neuf où l'inquiétude se renforce à moyen terme. Plusieurs acteurs – dont la FFB – ont déjà signalé à de nombreuses reprises sa très probable chute à l’horizon de la fin 2022. « Les chiffres récents confirment ce risque, notamment avec la fin du choc positif créé par l’anticipation de la RE 2020 en maison. De fait, sur ce segment, les permis abandonnent 8 % en avril 2022 par rapport à avril 2021, en droite ligne de l’effondrement des ventes constaté depuis le début de l’année. Les mises en chantier suivront dans les prochains mois. Quant au collectif, les ventes de logements continuent de plonger et la situation ne s’améliore que transitoirement du côté des permis, sous l’effet de l’anticipation de la RE 2020 là encore ».
Pour conclure, Olivier Sallon explique les Assises du BTP qui se tiendront très prochainement vont être les bienvenues. « Il n’est jamais trop tard pour redresser la barre. « Les Assises du BTP annoncées par Bruno Le Maire et souhaitées rapidement après les législatives tombent donc à point nommé. Elles permettront d’aborder tous les sujets de préoccupations évoqués précédemment. Il conviendra notamment de réfléchir au financement de la RE 2020 et à l’indexation des aides (PTZ, MaPrimeRénov’, CEE, …) dans un contexte à nouveau inflationniste ».
