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Fin du chauffage au gaz en maison neuve : vent de colère de la profession…

26 NOVEMBRE 2020

Associations, syndicats ou encore fédérations ont fait entendre leur mécontentement à la suite des annonces du gouvernement mardi dernier sur la fin en 2021 du chauffage au gaz dans les maisons neuves et en 2024 dans le collectif.

gaz

Exclusion du gaz à très court terme dans la construction neuve : telle est l’annonce choc qui a secoué la filière ces derniers jours. Et la profession n’a pas tarder à dégainer…

La filière du chauffage à eau chaude inquiète

L’association Énergies & Avenir, qui représente la filière du chauffage à eau chaude, « regrette cette décision abrupte car elle prive ces logements d’équipements de la boucle à eau chaude ultra-performants fonctionnant au gaz qui permet d’ores et déjà d’intégrer la chaleur renouvelable et qui est appelé à se verdir dans les prochaines années », a fait savoir l’association par voie de communiqué. Cette dernière souligne par ailleurs que la filière s’est engagée de longue date dans la recherche et le développement d’équipements fonctionnant au biogaz, à l’hydrogène et plus largement au gaz « vert ». Elle ajoute que la conséquence de cette exclusion est aussi économique et pas des moindres car près de 100 % de ces équipements sont fabriqués en France. A ce titre, Philippe Méon, président d’Énergies & Avenir, rappelle : « La filière du chauffage à eau chaude est non seulement engagée pour l’efficacité énergétique mais est aussi un pilier de la relance économique française. C’est une filière qui représente plus de 300 000 emplois non délocalisables et repose sur un réseau de plus de 80 usines dont plusieurs tournées vers l’export ».

En savoir plus sur la réaction d’Energies & Avenir, cliquez-ici

Le Synasav sidéré de ces annonces prématurées

Le syndicat de la maintenance Synasav dit être resté « coi devant tant de précipitation et d’annonces prématurées, tant sur le fond que sur la forme ». « Les deux ans de retard de la RE 2020 ne justifient en rien de malmener de la sorte des professionnels pleinement mobilisés sur les engagements de la France dans la lutte contre le changement climatique dans le cadre de la loi énergie-climat qui prévoit d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Comment interpréter ce changement de cap à 180° si ce n’est comme de l’incohérence ? », s’interroge le syndicat, avant d’en rajouter une couche. « Comment interpréter ce changement de cap à 180° vers du tout électrique ? Pourquoi annoncer de but en blanc, unilatéralement, l’exclusion des systèmes utilisant uniquement du gaz dans les logements neufs à partir de 2021 ? Quid du pic de consommation en période de chauffe ? Qu’adviendra-t-il des naufragés de l’énergie, victimes de la précarité énergétique ? Ne risquons-nous pas de voir revenir ces malheureusement célèbres grille-pains ? Ils seront la solution de facilité dans le neuf, l’effort financier revenant à l’occupant. Quelle parade les pouvoirs publics ont-ils prévu ? Rien de précis ! »

La FFB monte au créneau

La Fédération Française du Bâtiment n'a pas tardé à réagir à la suite de ces annonces également. Olivier Salleron, son président, est monté au créneau sur BFM TV. « C’est catastrophique. On vient nous mettre des bâtons dans les roues, jouer les apprentis-sorciers en cette période de grave crise économique en sortant le gaz des mesures du jour au lendemain sans avoir consulté les fédérations professionnelles… Au-delà de l’incohérence de ces choix politiques, il s’agit là de la mort annoncée à terme d’une filière (le gaz) porteuse d’emplois qualifiés, choix d’autant plus désastreux que les équipements concernés s’avèrent majoritairement produits en France. Laissez-vous tranquilles, laissez-nous travailler, laissez-nous du temps ! L’orientation politique, si elle a le mérite d’être clairement affichée, manque de réalisme. C’est vouloir mettre de la complexité lors d’une année de reprise économique, en méconnaissant les délais nécessaires pour adapter les filières. Ce sont des dizaines de milliers d’emplois mis en danger inutilement, dans l’industrie et le BTP », a regretté le président de la FFB, qui déplore enfin qu’aucune information n'ait été donnée quant aux seuils applicables aux bâtiments tertiaires visés également par la réglementation dès l’été prochain.

Un goût amer pour l’association défendant le mix-énergétique

Les dernières annonces concernant la RE 2020 « laissent comme un goût amer » à l’association prônant le mix-énergétique. « Nous sommes déçus par la volonté exprimée, voire la fierté, de sortir le gaz de la construction neuve sans distinguer le gaz fossile du gaz renouvelable », témoigne Bernard Aulagne, président de Coénove. Alors que la nouvelle réglementation fait du carbone un indicateur majeur, nécessitant temps d'appropriation et progressivité, cet amalgame sonne comme une fausse note. En lieu et place de progressivité, il s'agit bel et bien d'une rupture, se traduisant par une volonté d'exclusion du gaz naturel de la construction neuve. Pour Bernard Aulagne : « Proposer un seuil carbone en exploitation (Eges_Energie) à 4 kg CO2/an.m² en maison individuelle dès 2021 - seuil soit dit en passant bien plus faible que les valeurs proposées lors de la concertation - revient clairement à exclure rapidement les chaudières gaz THPE de ce marché ». Au final, il est à craindre qu'« en voulant se donner les moyens de ses ambitions » pour reprendre les propos de la ministre et pour donner des gages à la Convention Citoyenne pour le Climat dans une période de relations tendues, cette réglementation dont l'attendu était d'encourager l'innovation, ne conduise qu'à l'exclusion. « Il est regrettable que la mesure n'ait pas été prise de la juste contribution du gaz renouvelable, et plus particulièrement du biométhane, parmi les solutions d'avenir », regrette le président.

 

Jean-Claude Rancurel (UNA-CPC CAPEB) : « C’est un très mauvais signal »

Surpris comme beaucoup par l’exclusion du gaz des maisons neuves à compter de juillet 2021, Jean-Claude Rancurel y voit la crainte que cette annonce signifie tout bonnement la disparition à petit feu du chauffage par boucle à eau chaude, et de tout le savoir-faire qui y est lié.

«Dans les endroits en France où il y a peu de gaz, la boucle à eau chaude a déjà complètement disparu des maisons neuves, remplacée la plupart du temps par des radiateurs électriques, avec un poêle à granulés et un chauffe-eau thermodynamique. Des lotissements entiers se font comme ça. Avec la RE 2020, qui va renchérir le coût de la construction, il y a fort à parier que les constructeurs vont encore rogner sur les équipements. La concurrence est rude entre constructeurs, l’économie se joue parfois à quelques dizaines d’euros. Le problème, c’est qu’en supprimant la boucle à eau chaude, on ne laisse plus la possibilité de changer plus tard d’énergie, on restera sur de l’effet joule. Avec cette annonce, il est à craindre que tout le gaz disparaisse, y compris l’hybride. Sans compter le doute qui va s’installer dans la tête de nos clients en rénovation, comme cela s’est produit avec le fioul. Je crains qu’avec cette annonce, nos clients perçoivent le gaz comme une énergie à bannir. Dans deux décennies je ne sais pas si on sera encore capable de dimensionner et réaliser une boucle à eau chaude pour éventuellement changer d’énergie dans un bâtiment. C’est un très mauvais signal.»

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#1 contact@chezvoussarl.fr - 27/11/2020 à 10:39
Encore un ministre conseillé par un énarque, non par plusieurs énarques pour annoncer une aussi grosse idiotie (connerie). Le gaz fossile fait partie de l'énergie de transition pour les 20/30 prochains années dans l'attente de solutions plus écologique.
Cordialement, Alain Julian